Le site antique du 13-15 rue des 4 Frères Créac’h à Vannes (Morbihan), fouillé en 2020 sous la direction de Karine Prêtre (Inrap) a permis la mise au jour de plusieurs vestiges organiques (bois, graines, pollens) qui ont été conservés par imbibition dans les premiers niveaux de comblement d’un puits daté de la fin du Ier s.– début IIe s. ap. J-C et implanté dans l’arrière-cour d’une zone d’activité commerçante. L’analyse xylologique menées sur 170 fragments de bois gorgés d’eau, a mis en évidence le rejet de 134 fragments, issus principalement de pièces de construction, de déchets de taille et de petit mobilier, ainsi que de 36 bois ”naturels” parmi lesquels se distinguent 7 brindilles et petits branchages de Pinus pinea. Des pignons et pommes de pin de ce même taxon sont également attestés en grand nombre dans le comblement. Si la présence de ces derniers est relativement fréquente en Gaule occidentale et au-delà sur les territoires septentrionaux, la découverte de fragments ligneux naturels est inédite hors de la zone d’indigénat méditerranéenne. Les nombreuses occurrences carpologiques en contexte domestique ont jusqu’alors été justifiées par l’importation des fruits à vocation culinaire, importations attestées également par la découverte de cargaisons d’amphores remplis de cônes renfermant toujours leurs pignons. L’acclimatation de l’espèce a bien été envisagée, notamment lors de l’identification de pommes de pin immatures, mais c’est bien par la reconnaissance des tiges ligneuses, dont certaines sont ramifiées, qu’il est permis d’établir son implantation, dès la fin du Ier s. ap. J.-C, à Vannes, cité qui bénéficie notablement d’un climat tempéré chaud. La faible quantité de brindilles et branchages de pin pignon découverts sur le site ne permet cependant pas d’associer commodément ces restes à une fonction alimentaire ou votive mais la fonction ornementale reste envisageable. Toutefois, l’identification, dans le même comblement, d’un éclat travaillé en Pinus pinea suggère également une fonction artisanale secondaire. Cette découverte xylologique participe donc à la mise en évidence des modalités d’acquisition et d’exploitation de nouvelles ressources et de la transformation du paysage arboricole à l’époque antique dans l’ouest de la Gaule.