Le cadre des limites planétaires élaboré en 2009 et précisé en 2015 est séduisant par sa simplicité et son apparente utilité. Il permet d’envisager la marge de manœuvre dont dispose l’humanité dans le maintien d’un environnement vivable pour elle. En synthétisant l’état des connaissances scientifiques en ce domaine, le cadre permet d’informer la prise de décision, ce qui est un prérequis à l’action. Toutefois, le régime de la CBD n’a jusqu’ici prêté qu’une faible attention au concept de limite planétaire. Cette faible influence s’explique et se justifie en raison de la faible pertinence du cadre des limites planétaires. En effet, la CBD a défini un cadre alternatif d’objectifs qui sans se fonder directement sur les limites planétaires sont tout aussi pertinents et même plus précis. S’il est important de mobiliser les connaissances scientifiques sur lesquelles reposent les limites planétaires, il est plus important encore de renforcer l’effectivité du régime institué par la CBD pour inciter les Parties à agir afin de ne pas les dépasser. Le véritable enjeu sera alors de renforcer le cadre de transparence pour le post-2020. Indirectement, le cadre des limites planétaires pourrait alors exercer son influence la plus importante. Par sa force symbolique, il pourrait inciter les Etats à agir, mais aussi à opérer un contrôle social institutionnalisé (par le cadre de transparence) strict favorisant une mise en œuvre ambitieuse.