Symposium 1. Anosognosie dans la maladie d’Alzheimer : de la recherche à la clinique - Archive ouverte HAL
Communication Dans Un Congrès Année : 2024

Symposium 1. Anosognosie dans la maladie d’Alzheimer : de la recherche à la clinique

Résumé

L’anosognosie est un symptôme fréquent dans les stades débutants de la maladie d’Alzheimer (Azocar et al., 2021). Elle réduit l’engagement du sujet envers ses propres soins, favorise sa mise en danger, accroît la souffrance de ses aidants et augmente le risque d’institutionnalisation prématurée (Horning et al., 2014 , Jacus et al., 2023 , Starkstein, 2014 , Verhülsdonk et al., 2013 , Vignolo et al., 2021). Longtemps méconnue et assimilée à une fatalité dans cette pathologie, elle est l’objet de multiples recherches notamment depuis le début de ce siècle. Dans une première communication orale, S. Kalenzaga exposera le réel modérateur de l’anosognosie dans les représentations implicites et explicites de soi au cours de la maladie d’Alzheimer. Au travers d’une tâche de référence à soi (Rogers et al., 1977), Kalenzaga et al., 2012, Kalenzaga & Clarys, 2013 ont déjà rapporté une dissociation entre des représentations implicites négatives de soi et des représentations explicites positives de soi dans la maladie d’Alzheimer. Dans une étude récente, comparant un groupe de patients Alzheimer anosognosiques versus non-anosognosiques, Kalenzaga et collaborateurs ont pu mettre en évidence que cette dissociation s’expliquait par la présence d’une anosognosie, le groupe de patients non-anosognosiques présentant des représentations de soi négatives à la fois implicites et explicites. Les recherches sur l’anosognosie dans la maladie d’Alzheimer ont souvent rapporté des prévalences disparates : 23 à 73 % des patients selon Antoine et al., (2004), 20 à 80 % des patients selon Starkstein (2014). Ce phénomène a notamment été expliqué selon Markova (2005) par l’utilisation d’outils d’évaluation différents, explorant des domaines ou dimensions plus ou moins variées de l’anosognosie, auprès de populations souffrant de différents types de troubles neurocognitifs et à des stades très variés de la pathologie. De façon à appréhender l’impact des méthodologies d’évaluation, des domaines de l’anosognosie et de l’avancée des troubles sur la mesure de l’anosognosie, J. P. Jacus exposera dans une seconde communication ses récentes recherches sur les facteurs associés à cette symptomatologie. Les résultats suggèrent des liens positifs avec l’apathie et négatifs avec la dépression, quasi indépendamment des méthodologies d’évaluation et des dimensions de l’anosognosie explorée, en utilisant le stade de la pathologie comme facteur d’exposition. L’anosognosie et son évaluation dans la maladie d’Alzheimer s’avèrent donc encore relativement méconnues et en premier lieu par les personnels soignants eux-mêmes. J. Vignolo présentera dans une dernière communication les résultats de deux études. La première a traité des connaissances générales, des attitudes et des difficultés des soignants concernant l’anosognosie. Les résultats témoignaient de scores de connaissance modérés, influencés par le type de profession, le lieu d’exercice, la formation initiale des soignants et de difficultés largement reconnues par ces derniers, en lien avec cette symptomatologie. Il existait une quasi absence de formation à l’anosognosie chez les professionnels interrogés. La seconde étude s’est intéressée aux représentations des soignants concernant l’anosognosie des personnes présentant des déficits cognitifs, résidant en EHPAD. Les soignants avaient des difficultés pour appréhender les domaines de conscience préservés / altérés chez les résidents. En effet, les analyses comparatives, réalisées entre les prédictions des soignants concernant la Université Toulouse II Jean-Jaurès, Toulouse, 30-31 mai 2024. 29 Abstracts des journées du GREPACO 2024 conscience des troubles des patients et le score réel d’anosognosie de ces derniers, révélaient que les professionnels tendaient à inférer des troubles de la conscience aux résidents dès lors que le diagnostic de maladie d’Alzheimer était établi. L’intérêt de former les professionnels de santé à cette symptomatologie ayant été souligné dans ces deux études, la comparaison de différents supports de formation constitue ainsi le projet d’une troisième étude de Vignolo et collaborateurs. Au-delà de ses multiples conceptualisations, de ses diverses méthodologies d’évaluation et de son hétérogénéité clinique, l’anosognosie dans la maladie d’Alzheimer est un trouble de la conscience de soi et de ses capacités, dont la prise en soin reste encore à concevoir. Par ses trois communications, nous proposons des pistes de réflexion relatives à ses corrélats, méthodes de mesure et de prise en soin via la formation des équipes sur le terrain.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04671378 , version 1 (14-08-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04671378 , version 1

Citer

Jean-Pierre Jacus, Sandrine Kalenzaga, Julie Vignolo, Christine-Vanessa Cuervo-Lombard. Symposium 1. Anosognosie dans la maladie d’Alzheimer : de la recherche à la clinique. 19èmes journées GREPACO (groupe de réflexion en psychopathologie cognitive). Psychopathologie cognitive : de la recherche à la clinique, tout au long de la vie, Groupe de réflexion en psychopathologie cognitive (GREPACO – Université Jean-Jaurès), May 2024, Toulouse, France. ⟨hal-04671378⟩
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