L’étude des vestiges ostéologiques issus du monde funéraire de l’Age du Fer en Europe occidentale reste un défi, notamment concernant la comparaison des résultats entre sites sur une vaste aire géographique et les interprétations sur les critères de recrutement. Cette difficulté résulte principalement de la diversité des pratiques funéraires et des typologies de dépôt, dominés par la crémation, ce qui produit un registre ostéologique assymétrique et ne permet pas l’application de plusieurs méthodes. Nous présentons ici une approche interdisciplinaire qui combine des données génomiques, morphologiques de l’oreille interne (microtomographie de l’os pétreux) et histologiques virtuelles sur les éléments dentaires (microtomographie synchrotron : d’une résolution de 3 µm). Cette approche nous permet d’apporter de nouvelles informations sur l’inhumation des individus périnataux dans les habitats du Languedoc, de la Catalogne et de Teruel entre les VIe et Ier siècles cal BCE, avec des résultats sur le sexe biologique, l’âge à la mort et les relations biologiques entre les individus. Au-delà de la caractérisation biologique des individus, nous avons également pu mettre en évidence un lien entre la préservation de la structure interne de l’os pétreux et celle de l’ADN ancien dans les échantillons. Ces résultats permettraient d’adapter la stratégie d’échantillonnage et potentiellement prévoir la préservation de l’ADN en amont des prélèvements. . De plus, la morphologie du labyrinthe osseux du pétreux peut être utilisée pour analyser la proximité biologique entre les individus. Le fait que la morphologie de l’os pétreux, et surtout du labyrinthe osseux, est la plupart du temps bien conservée dans des contextes de crémation, nous permet d’utiliser cette structure comme élément de comparaison dans la totalité des pratiques funéraires pour l’Age du Fer et ainsi comparer les données biologiques des individus. Finalement, les méthodes d’imagerie appliquées ici ont un grand intérêt du point de vue patrimonial. D’un côté, elles permettent de donner des informations sur les structures internes de façon non destructive (utilisation du synchrotron pour réaliser les analyses en histologie dentaire). De l’autre, elles permettent de préserver une copie numérique du matériel qui est échantillonné de façon destructive (ADN, isotopes ou 14C).