A la suite de démarches entreprises par la préfecture de Saint-Pierre-et-Miquelon pour une reconnaissance du patrimoine de l’archipel par l’UNESCO, une équipe d’archéologues de l’Université de Rennes et de l’Université Laval à Québec a été réunie pour entreprendre le sauvetage du site archéologique de l’Anse-à-Henry, au nord de l’île de Saint-Pierre. Quinze ans après les dernières fouilles, notre état des lieux a révélé une érosion très forte des falaises sous l’action du vent, du gel, de la houle et des glaces. Le traitement des photographies aériennes, des images satellites et l’analyse des relevés LiDAR a d’ailleurs montré que le trait de côte a reculé à cet endroit d’une dizaine de mètres en 60 ans. Le projet archéologique de Saint-Pierre et Miquelon a débuté à l'automne 2018 et il a associé d’emblée la prise en compte des vestiges humains et de leurs conditions de gisement. Ce projet est aussi l'occasion de mêler des écoles de pensée très différentes et de combiner, par exemple, le dialogue intense avec les Premières Nations lors d'un projet archéologique propre à l'archéologie québécoise et les approches géoarchéologiques développées en France depuis les années 1990. Pour travailler sur ces diverses échelles géographiques et bien les intégrer, notre stratégie s’est déployée en plusieurs actions : 1.Relevés systématiques des anomalies archéologiques à l'aide d'images LiDAR et analyses en lien avec les connaissances historiques (responsable : M. Le Doaré). 2.Insertion du programme archéologique auprès de diverses institutions ou communautés à Saint-Pierre et Miquelon, mais aussi à Terre-Neuve (Préfecture de Saint-Pierre et Miquelon, Service Régionale de l’Archéologie de Bretagne, Musée de l'Arche, Lycée Emile Letournel, Communauté Mi'kmaw...). 3.Etablissement d’un protocole pour le suivi de l'érosion littorale à l'Anse-à-Henry sur plusieurs années (responsable : P. Stéphan). 4.Fouille archéologique et cartographie des occupations amérindiennes, paléo-inuit et européennes sur l’Anse-à-Henry (responsables : R. Auger et G. Marchand, 2019-2023). 5.Prospections extensives dans l'archipel (archéologie historique et préhistorique mais aussi pétroarchéologique) entamées en septembre 2019. Le Projet Archéologique de l’Archipel de Saint-Pierre et Miquelon est né d’une demande politique et sociétale ; la réponse des archéologues et des géomorphologues entend bien rester étroitement connectée à ces actions de la population sur le patrimoine.