Les dunes de sable sont une composante essentielle des paysages côtiers. La compréhension de leur mobilité à long terme est cruciale pour concevoir des méthodes de gestion appropriées, en particulier dans un contexte d'élévation globale du niveau de la mer et d'érosion côtière associée. Le long des côtes d'Europe occidentale, l'évolution morphologique des dunes côtières a été caractérisée par plusieurs périodes de stabilité et de remobilisation des sables éoliens au cours des derniers millénaires de l'Holocène. Des chronologies bien définies des périodes de mobilisation des dunes ont été reconstituées en Irlande, au Royaume-Uni en Espagne et au Portugal, sur la base de datations au radiocarbone de paléosols interstratifiés dans des dépôts de sables éoliens. Dans l'Ouest de la France, l'absence de paléosols a limité ces approches. Ce travail vise à fournir des preuves chronologiques robustes de la mobilité holocène des dunes côtières bretonnes en se concentrant sur l'analyse chronostratigraphique de la couverture sableuse des îles de Béniguet et de Batz, situées à l'extrémité ouest du Finistère. Sur ces deux îles, la géométrie des dépôts sédimentaires côtiers a été reconstituée à partir d’une soixantaine de carottes sédimentaires, prélevées dans les sables éoliens recouvrant la partie centrale de l'île de Béniguet et la partie sud-est de l’île de Batz. La chronologie de mise en place des dépôts éoliens a été reconstituée à partir d’une quarantaine de dates au radiocarbone obtenues sur les niveaux anthropiques et de 12 âges OSL (Optically Stimulated Luminescence) recueillis sur les couches de sables éoliens. Ces derniers ont été contraints à partir d’une modélisation combinant les âges OSL et les dates radiocarbone dans un cadre bayésien à l'aide du package open source « BayLum ». Afin de connaître l’étendue spatiale des dépôts éoliens et de localiser des vestiges archéologiques, une dizaine de profils et de quadrillages GPR (Ground Penetrating Radar) ont été réalisés dans les deux zones d'étude à l'aide des antennes 180 MHz et 400-800 MHz d’Impulse Radar. Les résultats obtenus sont cohérents avec la chronologie régionale établie pour l'Ouest de la France et permettent de clarifier la chronologie des événements d’ensablement à l’échelle finistérienne.