C’est dans le cadre de l’aménagement d’un lotissement sur la commune de Saint-Sulpice-de-Royan, aux 58-60 route de Saint-Palais, qu’une fouille archéologique a été menée par la société Archeodunum du 13 septembre au 05 novembre 2021. Ce sont 4408 m² qui ont été prescrits à la suite d’un diagnostic réalisé en 2020 par le Service départemental d’archéologie de la Charente-Maritime (Gissinger, Royer 2020). L’intervention a également été motivée par une fouille, conduite en 2019 par Bastien Gissinger à une centaine de mètres plus au sud, qui a mis au jour un village du premier Moyen Âge, composé d’une trentaine de bâtiments accompagnés d’enclos datés entre le VIIe siècle et le début du IXe siècle (Gissinger 2019). L’équipe, constituée de sept archéologues, a mis au jour 187 structures, principalement des trous de poteaux, fosses, silos et fossés, qui s’inscrivent en majorité dans la période du premier Moyen Âge (fig. A). Des traces d’occupations protohistorique (silo, tessons épars) et antique (sépulture, fossés, tessons) ont également été observées. Pour les périodes plus récentes, on remarque également quelques éléments de mobilier épars, ainsi que des vestiges attribuables à la Seconde Guerre mondiale. Pour la période mérovingienne on dénombre au moins trois bâtiments sur poteaux et d’autres ensembles dont l’interprétation est plus incertaine. Deux bâtiments ont été fouillés au sud-ouest de l’emprise. Le plus grand (BAT1), bâti sur douze poteaux, pourrait avoir eu une fonction à la fois de stockage (carporestes présents dans les comblements des trous de poteau) et d’habitation vu ses grandes dimensions et son plan. Il coupe un ensemble plus petit, bâti sur cinq poteaux (BAT2). Les résultats des analyses au radiocarbone situent le premier bâtiment entre la seconde moitié du VIe siècle et la première moitié du VIIe siècle, tandis que le second bâtiment est daté entre le début du Ve siècle et la première moitié du VIe siècle. Un troisième bâtiment (BAT6), dont le plan est semblable au deuxième, est installé un peu plus au nord. Il est daté des VIe-VIIIe siècles. Des ensembles de poteaux ont été observés dans la partie sud-ouest, à proximité du bâtiment 6 mais également dans le secteur oriental du site où l’on soupçonne la présence de deux bâtiments au moins (VIe-VIIIe siècles). Aucune trace d’installation artisanale n’a été observée au cours de la fouille. Le site est également marqué par la présence de deux paires de fossés, signalant probablement la présence d’un chemin. Ils sont orientés ouest-est et semblent se diriger vers l’église de Saint-Sulpice. Ils sont datés du premier Moyen Âge mais ne sont pas contemporains de l’occupation principale du site car leur tracé se superposent aux autres structures. Cinq sépultures ont, en outre, été découvertes au cours de l’opération. Quatre, groupées au nord des fossés, correspondent à deux immatures et deux adultes et sont datées au radiocarbone entre le VIIe et la fin du VIIIe siècle. Des analyses ADN ont été réalisées afin de rechercher d’éventuels liens de parenté entre les individus. Les résultats évoquent la possibilité d’un lien mais au 3e degré seulement (cousins, grands-parents…). La cinquième sépulture, située à l’extrémité est de l’emprise, est datée entre le IIe et le début du IVe siècle. Elle est probablement à mettre en relation avec du mobilier antique collecté en position secondaire, notamment dans ce secteur, et pouvant indiquer la présence d’une occupation antique à proximité. La fouille menée sur la commune de Saint-Sulpice-de-Royan complète les données obtenues lors de l’opération réalisée en 2019 par Bastien Gissinger, dont elle constitue vraisemblablement la limite septentrionale. Ce village des VIIe-VIIIe siècles occuperait alors une superficie d’environ 1,5 ha. Le chemin observé sur notre fouille est plus large que celui mis au jour en 2019 et pourrait constituer une voie principale avec toutefois un léger décalage chronologique.