L’arasement des barrages de Vezins (36m) en 2019 et la Roche-Qui-Boit (16m) en 2022 va permettre aux poissons migrateurs de recoloniser la partie amont du Bassin versant de la Sélune. Le suivi radio-télémétrique de 98 géniteurs de saumon atlantique (Salmo salar), essentiellement des individus de 1 hiver de mer, capturés et équipés d’émetteurs-biologgers dans l’estuaire de la Sélune en été sur la période 2019-2021, a permis de produire des données sur l’écologie de la population avant arasement. A partir de 2022, une deuxième phase aura vocation à analyser le processus de recolonisation. La première étape de ce projet a été la mise au point d’une méthode de capture des saumons en estuaire. Le protocole développé met en œuvre un filet barrage guidant les saumons vers un carrelet. L’utilisation d’une caméra acoustique permet d’actionner le carrelet lors d’un passage de saumon. Les saumons capturés sont équipés d’émetteurs-loggers insérés dans l’estomac par la bouche, puis suivis par un réseau d’une 10aine d’antennes fixes ainsi que par un pistage actif hebdomadaire. Les biologgers mesurent et enregistrent la température corporelle, la profondeur et l’activité par le biais d’accéléromètres. L’histoire des individus est inférée en combinant les données de géolocalisation et les données issues de biologgers lorsque ceux-ci ont pu être récupérés. La proportion des géniteurs de saumons suivi atteignant la période de reproduction en décembre est assez faible (28% en 2019 et 38% en 2020 et 2021). La mortalité par pêche estivale est estimée sur la base des déclarations volontaires de pêcheurs à la ligne. Elle s’élève à 10, 12 et 0% en 2019, 2020 et 2021, respectivement. La mortalité apparente, hors pêche, est forte (44 à 57%), et globalement concentrée en milieu d’été et en milieu d’automne. Les causes impliquées sont difficilement identifiables. Après une entrée en eau douce très rapide dans la foulée du marquage, les saumons montrent un arrêt estival net sur la partie aval du cours d’eau en aval de Ducey qui se prolonge jusqu’à l’automne. A cette période, les individus se remettent en mouvement à la recherche des zones de reproduction en amont. Une fraction des individus quitte alors le bassin versant pour la Sée ou le Couesnon. Une autre fraction se présente au barrage de la Roche-Qui-Boit. Parmi ceux-là, certains sont morts au pied du barrage ou plus en aval, d’autres sont redescendus pour se reproduire sur la Sélune, sur l’Oir ou le Beuvron. La migration d’individus jusqu’au pied du barrage suggère que la recolonisation des secteurs amont sera rapide après arasement du barrage de la Roche qui boit.