Les assistants vocaux intelligents (AVI) ont pris place dans nos foyers depuis une dizaine d’années. Basés sur des algorithmes d’apprentissage machine, ils ont pour fonction de faciliter certaines tâches quotidiennes grâce à une interaction vocale « naturelle » proche de la conversation humaine. Bien que de nombreuses études montrent que cette apparence de conversation naturelle est source de difficultés pour les utilisateurs, d’autres travaux soulignent les effets d’une utilisation soutenue des AVI sur le développement des compétences langagières, notamment chez les publics à besoins spécifiques comme les enfants ou les apprenants de langue, dans le cadre de leur formation ou en situation informelle. Par ailleurs, la compétence interactionnelle est une compétence complexe souvent difficile à acquérir par les allophones, même en situation d’immersion. Les AVI offrent-ils des possibilités complémentaires d’interaction langagière bénéfiques pour progresser en langue ? Nous documentons l’usage des AVI domestiques dans des foyers plurilingues au sein d’activités quotidiennes individuelles ou collectives et les effets de ces interactions sur la compétence interactionnelle des utilisateurs, dont certains ont le français comme langue d’usage. Il en ressort qu’interagir avec les AVI est une opération complexe nécessitant de multiples ajustements dus à la double illusion d’un modèle coopératif et d’une langue-culture commune qui s’inscrivent dans des problématiques de « glocalisation » (Robertson, 1992 ; Roudometof, 2021) des langues, de la culture et de leur circulation.