L’éthique de la recherche en sociologie de l’alimentation est liée aux conditions de réalisation des enquêtes comme aux interactions que les chercheurs nouent avec les mangeurs étudiés. Un regain d’intérêt la caractérise (RGPD, CER, exigences de revues) et participe de son institutionnalisation. Mais en produisant de nouvelles normes s’imposant aux chercheurs, l’intégrité scientifique n’est pas seule en jeu : la production scientifique s’en trouve transformée alors même que l’alimentation est un enjeu croissant des sociétés contemporaines. Si ce cadrage éthique est contraignant, je discuterais des contraintes comme des ressorts qu’il produit à partir de mes terrains d’enquête sur l’alimentation enfantine. L’intérêt pour la morale dans l’assiette redéfinit les orientations méthodologiques et théoriques dans la pratique en situation (garde-fou, verrouillage selon les modes de financement, problématisation) qui permet de l’éprouver. Je traiterai, d’une part, de l’évolution de mes dispositifs de collecte (formulation des questions d’enquête, traitements conduits et analyses produites, ou encore diffusion des résultats) à partir d’exemples et, d’autre part, de ce que les cadres généraux fixés par l’éthique de la recherche produisent sur ma pratique (sociologique) en amont (construction des projets, formalisation dans les procédés et terrains d’enquête, bureaucratisation par les formulaires de consentement et démarches de mise en conformité RGPD).