Ces derniers années, la sociologie de l’enfance francophone a renoué avec l’étude de la dimension spatiale des expériences et des pratiques enfantines dans la ville ou, plus largement dans l’espace public (Rivière, Delaunay, Authier et Lehman-Frisch). Quelques décennies plus tard, ces recherches reviennent sur les travaux princeps de Marie-Josée Chombart de Lauwe, et de son équipe, qui interrogeaient dans les années 1970 la place des enfants face à l’urbanisation croissante de leur environnement. À plusieurs égards, les discours experts et profanes se complètent voire convergent pour critiquer la baisse de la mobilité autonome des enfants ou la réduction du temps comme des pratiques ludiques extérieures entre enfants. Ils en appellent parfois à un passé différent, supposé meilleur, proche de la nature et loin de la ville. À l’appui d’une enquête auprès d’enfants de 9-11 ans de différents territoires de la métropole française concernant leurs pratiques en dehors de l’école, nous souhaitons interroger cette homogénéisation des discours sur l’enfance et d’un passé magnifié qui peut conduire à occulter une pluralité d’enfances, notamment en milieu rural ou dans les milieux populaires. Leurs points de vue sur leurs pratiques quotidiennes de loisir témoignent, d’une part, de l’existence pratiques ludiques en particulier hors domicile et, d’autre part, questionnent l’idéalisation de la ruralité.