Quelles interprétations pour la représentation de la femme dans le Néolithique français ? - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2024

What Interpretations for the Representation of Women in the French Neolithic?

Quelles interprétations pour la représentation de la femme dans le Néolithique français ?

Résumé

Although earlier interpretations of Neolithic female figurines focussed on questions relating to the revolution of symbols and the “mother goddess” cult, recent approaches have reconsidered these anthropomorphic and zoomorphic representations in a more systemic manner. The integration of the archaeological contexts and associated finds, the materials used, the production sequences, the dimensions of figurines, as well as the development of pluridisciplinary approaches, have opened new paths of interpretation in other fields such as gender, apprenticeship, transmission or even games. The discovery of a complete female figurine and two fragments during the preventive excavation of the northern Chasséen enclosure at Villers-Carbonnel (Somme), provided the opportunity to return to these productions and assess their significance in a broader context of the Paris basin throughout the Middle Neolithic II. Technological and stylistic observations reveal an exclusive use of fired clay, a mediocre quality in manufacture, although consistent with production processes for pottery, a considerable stylisation of the human body and an absence of decoration. The lack of head or its simple portrayal by a lump of clay reinforces the impersonal nature and interchangeability of the figurines, which seem an intermediate support rather than an aim themselves. These representations would change depending on specific moments of use. The small size is another factor of mobility, since they were easy to handle and could pass through different hands during meetings or apprenticeship sessions. In addition, these figurines were easy to transport either for temporary movement to other settlements for ceremonies, or for permanent ones, for example, in matrimonial exchanges. In order to understand the origin of these representations in the Paris basin at Middle Neolithic II, an overview to earlier phases of the Neolithic was undertaken. While female representation in the form of ceramic figurines is omnipresent in the first Neolithic cultures of the Balkans, it is scarce in the first Neolithic societies in northern France instead. The best comparisons are found in rare elements of the Auvergne Chasséen and these may indicate links with the Square-Mouthed Pottery culture (VBQ). There are numerous female representations sharing several elements in common with the Paris basin figurines, even though stylistic similarities are also observed on certain figurines from central Europe. Yet in the latter case there are no intermediate connections between these distant regions. The comparisons with the few representations known in the more southern Chasséen are much less obvious, probably indicating different lines of thinking. Interpretations remain problematic, and the archaeological evidence insufficient to favour one over another. However, it is unques-tionable that the majority of portrayals – or at least the most clearly expressed in physical terms - are females. Under the influence of cultural groups of Mediterranean origin, the role of women as guarantors of social cohesion and the permanence of the group, was fundamental, or considered as such to display this widely. It is even more significant that, assuming the figurines were dressed, the sexual symbols were designed to be masked. The strong emergence of the female figurine in the Paris basin at the end of Vth millen-nium is original and indicates a reinterpretation at regional scale comprising several cultural entities with an ancestral and exogenous symbolism, and affecting societies since the beginning of the European neolithisation.
Alors que les premières interprétations des figurines féminines néolithiques se sont focalisées sur des questions de révolution des symboles et de culte de la « déesse-mère », des approches plus récentes ont permis de reconsidérer ces représentations anthropo-morphes et zoomorphes en les intégrant dans des approches plus systémiques. En tenant compte du contexte des découvertes et des associations de mobilier, des matériaux utilisés, des chaînes opératoires de production, des dimensions des figurines, en développant des approches pluridisciplinaires, de nouveaux champs interprétatifs se sont ouverts dans des domaines aussi variés que le genre, l’apprentissage, la transmission ou encore le jeu. La découverte d’une figurine féminine entière et de deux fragments lors de la fouille préventive de l’enceinte du Chasséen septentrional de Villers-Carbonnel (Somme) a fourni l’occasion de revenir sur ces « artefacts » et de les replacer dans le contexte plus large du Néolithique moyen II du Bassin parisien. Les observations technologiques et stylistiques montrent à la fois un recours exclusif à la terre cuite, un façonnage de qualité globalement médiocre mais cohérent avec les chaînes opératoires de fabrication de la céramique, une stylisation importante du corps humain et une absence de décoration. L’absence de tête ou sa simple matérialisation par un boudin d’argile renforce le côté impersonnel et l’interchangeabilité des figurines qui n’apparaissent plus comme une fin en soi, mais comme un support intermédiaire. Pour comprendre l’origine de ces représentations dans le Néolithique moyen II du Bassin parisien, un bilan des connaissances sur les phases plus anciennes du Néolithique a été réalisé. Alors que la représentation féminine sous la forme de figurines, la plupart du temps en céramique, est omniprésente dans les premières cultures néolithiques des Balkans, force est de constater que cette image de la femme est presque totalement absente des premières sociétés néolithiques françaises. Les meilleures comparaisons se trouvent dans les rares éléments du Chasséen méridional, qui assurent la liaison avec la culture des Vases à bouches carrées (VBQ), même si des ressem-blances stylistiques peuvent être trouvées avec certaines figurines d’Europe centrale. Les problèmes d’interprétation persistent néan-moins, les données archéologiques ne permettant pas d’en privilégier une plutôt qu’une autre. Il n’en reste pas moins que la figuration féminine reste majoritaire, ou en tout cas la mieux physiquement exprimée, ce qui confirme la place des femmes dans l’organisation sociale des sociétés néolithiques.
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Citer

Françoise Bostyn. Quelles interprétations pour la représentation de la femme dans le Néolithique français ? : L’exemple des figurines du Chasséen septentrional. Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques, Actes du 29e Congrès préhistorique de France, 31 mai-4 juin 2021, Toulouse, Session Où sont les femmes ? Archéologie du genre dans la Préhistoire et la Protohistoire : la France à l’écart des gender studies ?, Société préhistorique française, pp.107-122, 2024. ⟨hal-04648603⟩
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