Cette communication résume une des activités réalisées dans le cadre d’un doctorat en architecture qui porte sur le développement de la filière terre en France, plus particulièrement sur le territoire situé entre Grenoble, Lyon et Valence, et qui vise à dégager des propositions de stratégies et d’actions à mener dans une perspective de meilleure réponse à une demande sociale grandissante. Afin d’aboutir à des préconisations pertinentes, il nous a semblé indispensable de nous appuyer sur une étude approfondie du contexte actuel et de bien connaître et comprendre son histoire. Quelles ont été les grandes étapes de l’évolution de la filière depuis sa renaissance à la fin des années 1970 ? Les récits de la littérature coïncident-t-ils avec les dynamiques observées à travers la production architecturale de ces cinquante dernières années ? Y a-t-il eu des évènements déclencheurs, internes ou externes, ou encore des conditions particulières qui ont facilité certains développements ? Quelles sont les dynamiques récentes? Autant de questions qui nous ont conduits à réaliser d’une part un état de l’art s’appuyant sur la littérature à la fois scientifique, technique, et aussi grand public, et d’autre part sur un inventaire que nous avons voulu le plus exhaustif possible des bâtiments contenant de la terre crue édifiés entre 1972 et 2022 sur l’ensemble du territoire métropolitain. Cet inventaire a repris les données réalisées en 2016 par Anne-Lyse Antoine et Elisabetta Carnevale et compte désormais plus de 500 projets. Au-delà des compléments apportés, de nouvelles données ont été renseignées qui nous permettent de mieux connaître et surtout comprendre l’évolution de la filière depuis sa renaissance et quelle est sa situation actuelle. Les données de l’inventaire ont été utilisées pour constituer des cartes, diagrammes et statistiques dont l’ensemble va permettre d’avoir une vision globale. Pour y parvenir, ces figures mettent en perspective les critères des projets via un référentiel spatial et temporel. Les informations collectées tendent à démontrer qu’il est possible d’intégrer le matériau dans une multitude de contextes. De plus, ce recensement met en valeur l’impressionnante diversité architecturale tant à travers les techniques utilisées que dans les formes, les intégrations ou encore les associations avec d’autres matérialités. Les premières analyses montrent une renaissance relativement lente depuis la fin des années 70 et mettent en évidence différentes périodes qui constituent l’histoire récente de la filière, qui semblent concorder avec des évènements déclencheurs internes ou externes soulignés dans plusieurs ouvrages bibliographiques. Un des aspects les plus intéressants est que l’on arrive à déceler l’évolution des techniques de mise en œuvre et leur diversification ou adaptation au contexte contemporain. Pour exemples, il est de nos jours de plus en plus courant de préfabriquer les éléments en pisé, la production des briques de terre crue s’est-elle aussi industrialisée. Souvent source d’inspiration, les cultures constructives locales ont été réinterprétées par des architectes et des techniques ancestrales sont « modernisées ». Cette exploration amène à des techniques de mise en œuvre originales, plus adaptées aux contraintes du contexte actuel voire aux exigences esthétiques des concepteurs ou des commanditaires.