Les dents correspondent à la partie anatomique la mieux conservée parmi les vestiges humains provenant des sites préhistoriques et archéologiques. Elles sont porteuses de nombreuses informations (âge, croissance, alimentation, environnement). Néanmoins, les conditions de conservation ou de transport des dents peuvent entraîner leur fracture. Longtemps adopté, le recollage manuel semble délétère par rapport au collage virtuel qui permet de réassocier numériquement les fragments sans détériorer les échantillons initiaux ni générer d’imprécisions dues à la manipulation et au joint de colle. L’objectif de notre étude était donc de mettre au point une méthodologie de réassociation de fragments dentaires numérisés après les avoir scannés au microscanner. Un échantillon de 45 dents antérieures a été constitué. Notre laboratoire dispose d’une convention permettant d’utiliser les dents extraites dans les services d’odontologie l’AP-HP à des fins de recherche. Chaque dent a été scannée au microscanner puis fragmentée avec un appareil dédié aux tests de compression. Nous avons conservé les dents ayant généré au maximum 4 fragments. Notre échantillon final était constitué de 28 dents. Chaque fragment obtenu a été scanné puis numérisé au format STL. Le logiciel CloudCompare a permis leur réassociation et leur comparaison avec les scans des dents entières servant de référence. La répétabilité et reproductibilité de ce protocole a été évaluée. La comparaison des fragments réassemblés avec les volumes de référence montre une distance moyenne de 0,013 mm, en deçà de la valeur de 0,05 mm communément acceptée. Cette méthode peut donc permettre aux anthropologues voulant exploiter des dents fragmentées de réaliser des mesures précises sur les modèles reconstruits virtuellement. Une méthode de segmentation des scans dissociant l’émail et la dentine avant réassociation pourrait être envisagée afin d’étudier la cartographie de l’épaisseur de l’émail ou les reliefs dentinaires, une fois la dent reconstruite.