Projet Niqiliriniq
Résumé
Study of the process of preserving food sovereignty
In the Arctic, the drastic change in lifestyle has led to a change in the food system. The present project therefore aimed to reflect with the Inuit community on the impacts and challenges associated with the implementation of this new food supply and the possible levers to preserve food sovereignty on the territory, and thus the health and well-being of indigenous populations.
The project continued in the continuity of the work already undertaken in Kuujjuaq and Kangiqsujuaq and was part of the approach structured around three objectives:
(i) Study of the determinants of food consumption and the resilience of populations and their impact on nutritional quality.
(ii) Evolution of food landscapes and impact on food security and sovereignty.
(iii) Proposal of appropriate and culturally acceptable strategies.
Our work, based on interactive mapping and analysis of cognitive maps, has enabled to further investigate the social and spatial representations of the food system and to reveal that the ideal food patterns imagined by Nunavimmiut remain rooted in a traditional vision that allows them to maintain their close relationship with nature as a nourishing land. In contrast, commercial foods, although widely consumed, are less valued socially and culturally. Finally, greenhouse and gardening projects remain marginal in representations and imaginations. This research was complemented by the resilience approach (strategies put in place to adapt practices to the new context), environmental repossession (access to territory, traditional foods and knowledge) and emancipation (control over the different dimensions of the food system) via semi-directed questionnaires with stakeholders (local initiative bearers, scientific experts, health and political professionals and decision-makers). The results show that the expected harmful effects linked to current consumption habits are mainly the result of an impoverishment of nutritional density due to a high consumption of highly processed foods (additives) and a deficiency in micronutrients (traditional food being rich in minerals and vitamins). Micronutrient enrichment could therefore be a lever that could be obtained by promoting traditional food and northern agriculture.
Part of the project therefore also addressed the issue of the establishment of edible landscapes. Actions have therefore been undertaken to develop local capacities through the proposal of numerous workshops for building mini greenhouses, gardening, composting and seed collection.
Finally, part of the effort was focused on the scale of the project and the transposition of the research carried out in two villages to the territorial scale. Thus, the study of the characteristics for a greenhouse adapted to the northern climate and the creation of an optimal typology of greenhouse in an arctic context and of educational materials made it possible to create a decision-making toolbox to support the Inuit communities of Nunavik as well as the Makivik Corporation in the development and implementation of future greenhouse projects. For example, based on the lessons learned from this work, and of course on exchanges with the communities, the same cold layer model was reproduced to introduce fruit and vegetable growing in Inukjuak (7 units were thus installed, as well as 2 compost bins) and Marion Macé, a student of the project, has been the coordinator of the Pirursiivik Project in Inukjuak since November 2019.
In the end, our multidisciplinary research programme dedicated to the nutrition of Inuit populations, integrating health, ethnobotany/northern agriculture and sociological dimensions, has strengthened the ability of our partners to reappropriate ancestral harvesting practices and local food production, in a context of sustainable agriculture, in order to establish a sustainable security and food sovereignty.
Etude du processus de préservation de la souveraineté alimentaire
Dans l’Arctique, la transformation drastique du mode de vie a engendré une modification du système alimentaire. Le présent projet avait donc pour objectif de réfléchir avec la communauté inuit sur les impacts et défis associé à l’implantation de cette nouvelle offre alimentaire et les leviers possibles pour préserver la souveraineté alimentaire sur le territoire, et donc la santé et le bien-être des populations autochtones. Le projet s’est poursuivi dans la continuité des travaux déjà engagés à Kuujjuaq et Kangiqsujuaq et s’inscrivait dans la démarche organisée structurée autour de trois objectifs : Etude des déterminants de la consommation alimentaire et de la résilience des populations et de leur impact sur la qualité nutritionnelle. Evolution des paysages alimentaires et impact sur la sécurité et la souveraineté alimentaire. Proposition de stratégies adaptées et culturellement acceptables. Nos travaux basés sur la cartographie interactive et l’analyse de cartes cognitive ont permis de poursuivre l’investigation des représentations sociales et spatiales du système alimentaire et de révéler que les modes alimentaires idéaux imaginés par les Nunavimmiuts restent ancrés sur une vision traditionnelle qui leur permet de maintenir leur relation étroite avec la nature en tant que terre nourricière. En revanche, les aliments commerciaux, bien que largement consommés, sont moins valorisés socialement et culturellement. Finalement, les projets de serres et de jardinage restent marginaux dans les représentations et les imaginaires. Ces recherches ont été complétées par l’approche de la résilience (stratégies mises en place pour adapter les pratiques au nouveau contexte), la repossession environnementale (accès au territoire, aux aliments traditionnels et aux connaissances) et l’émancipation (contrôle sur les différentes dimensions du système alimentaire) via des questionnaires semi-dirigés auprès des parties prenantes (Porteurs d’initiatives locales, experts scientifiques, professionnels de santé et politiques et décideurs). Il en ressort que les effets délétères pressentis liées aux habitudes de consommation actuelles résultent principalement d’un appauvrissement de la densité nutritionnelle du fait d’une forte consommation d’aliments ultra-transformés (additifs) et d’une déficience en micronutriments (l’alimentation traditionnelle étant riche en minéraux et vitamines). Un enrichissement en micronutriments pourrait donc être un levier qui pourrait être obtenu par la promotion de l’alimentation traditionnelle et une agriculture nordique. Une partie du projet a donc aussi abordé la question de l’implantation de paysages comestibles. Des actions ont donc été entreprises pour le développement des capacités locales via la proposition de nombreux ateliers de construction de mini-serre, de jardinage, de compostage, de collecte de semences. Enfin, une partie des efforts ciblait l’envergure du projet et la transposition des recherches menées au niveau de deux villages, à l’échelle du territoire. Ainsi, l’étude des caractéristiques pour une serre adaptée au climat nordique et la création d’une typologie optimale de serre en contexte arctique et de matériels pédagogiques a permis de créer une boîte à outils d'aide à la décision pour accompagner les communautés Inuit du Nunavik ainsi que la Société Makivik dans le développement et la mise en place de futurs projets de serre. Par exemple, sur la base des enseignements de ces travaux, et bien sûr des échanges avec les communautés, le même modèle de couche froide a été reproduit pour introduire la culture de fruits et légumes à Inukjuak (7 unités ont ainsi été installées, ainsi que 2 bacs à composte) et Marion Macé, étudiante du projet est, depuis Novembre 2019, la coordonnatrice du Projet Pirursiivik à Inukjuak. Au final, notre programme de recherche multidisciplinaire dédié à l’alimentation des populations Inuit, intégrant la dimension santé, l’éthnobotanique/l’agriculture nordique et sociologiques a permis de renforcer l’aptitude de nos partenaires à se réapproprier les pratiques ancestrales de récolte et la production locale de nourriture, dans un contexte d'agriculture durable, pour instaurer une sécurité́ et souveraineté alimentaires pérennes.