Dans le cadre des changements climatiques en cours, il apparaît nécessaire de mieux comprendre la variabilité du climat au cours du dernier millénaire à l’échelle régionale, où les changements sont de plus grande intensité, afin de mieux saisir les forçages à son origine et ses influences sur l’évolution biogéomorphologique des grands fleuves. Les cernes des arbres sont des archives naturelles précieuses pour reconstruire les variations climatiques passées à haute résolution temporelle au-delà des périodes couvertes par les observations instrumentales. En dendroclimatologie, les reconstructions paléoclimatiques nécessitent des fonctions de transfert régionales établies à partir de chronologies de référence modernes. Dans la perspective de reconstruire le climat au cours du dernier millénaire à partir de bois archéologiques mis au jour dans le lit de la Loire entre Nevers et Orléans, nous présentons ici trois chronologies de référence inédites. Celles-ci reposent sur l’étude de trois proxies (largeurs de cerne, δ13C et δ18O) et ont été construites à partir de 31 chênes sessiles (Quercus petraea) prélevés dans la forêt des Bertranges à proximité de La Charité-sur-Loire dans le centre de la France. La datation des arbres par dendrochronologie montre une très forte corrélation des séries individuelles de largeurs de cerne sur la période 1878-2023 (r = 0,79 ; p < 0,001). Après standardisation des séries, une chronologie de référence a été construite qui semble cohérente avec une chronologie préexistante en Bourgogne (r = 0,53 ; p < 0,001). A ce stade, les paramètres climatiques les mieux corrélés avec la chronologie de largeurs de cerne sont l’indice standardisé de précipitation et d’évapotranspiration (SPEI6 ; avril-septembre ; r = 0,43 ; p < 0,001), l’indice de sécheresse de Palmer (scPDSI ; juillet-septembre ; r = 0,41 ; p < 0,001), les précipitations (avril-septembre ; r = 0,39 ; p < 0,001) et la pression de vapeur (mai-septembre ; r = 0,38 ; p < 0,001). De manière complémentaire des analyses isotopiques du δ13C et δ18O contenus dans la cellulose des 10 arbres les plus âgés ont été conduites sur la période 1910-2023. Nous apportons ainsi deux chronologies supplémentaires construites à la fois à partir d’échantillons moyennés annuellement (pooling) et d’échantillons inter-arbres toutes les décennies.