Le premier problème qui se pose ici est celui de ce qui peut être retenu comme une aire culturelle et de savoir si le Moyen-Orient peut correspondre à une telle catégorisation. Au-delà de son rattachement au concept d'aire culturelle et des débats qu’il a produits, le Moyen-Orient a fini par s’imposer comme un champ d’études relativement cohérent et de façon relativement récente. Analyser son enseignement et les recherches auxquelles il est attaché passe par le fait de repérer leurs centres d’impulsion et les pôles qui en sont la référence : soit des matrices (comme l'INALCO, l'IFPO, ou plus anciennement l'IGPMO) et des bastions (comme l'IREMAM). A partir de la prise en compte de ces structures, ont été proposés ici quelques éclairages sur les évolutions de la recherche et de l'enseignement supérieur (avec quelques remarques en fin de propos sur l'enseignement secondaire) issus de la France et portant sur le Moyen-Orient. Cela permet de faire apparaître un rapport de force interdisciplinaire qui a évolué dans le temps suivant ce qui semble être, en simplifiant, une succession en 4 phases : un temps où domine une forme de savoir savant, une phase dans l'après-guerre qui voit le renforcement des approches géographiques, la suivante caractérisée par l'affirmation de l'approche historiographique et, enfin, à partir des années 1980 et jusqu'au début des années 2010, un primat institutionnalisé des sociologues.