Ce texte propose une ébauche descriptive de l’expérience vécue de la téléconsultation, mais aussi de l’expérience, elle aussi vécue, même si de façon moins explicite, des a priori explicatifs eux-mêmes – a priori purement hypothétiques et possiblement erronés – du sujet qui éprouve ce vécu et qui, inévitablement, accompagnent toujours son expérience à la fois émotionnelle et rationnelle. Ce texte abordera, d’abord, les émotions directement occasionnées par la distance, la non-présence du médecin, c’est-à-dire l’absence de son corps pour le patient, comme l’absence du corps du patient pour le médecin (I). Ensuite, nous verrons que cette absence est plus subtile qu’on pourrait le croire : en réalité, elle n’est pas vécue comme pure, car un certain corps est bien présent (par l’écran, un haut-parleur), en quelque sorte, et n’est donc pas complètement absent. Mais il apparaîtra aussi que c’est cette quasi-présence qui occasionne plusieurs types de distorsion en favorisant une sorte de dissociation subie entre la part du corps signifiant qui peut s’exprimer et celle qui ne le peut pas (II). Enfin, nous explorerons l’effet que cela produit, après coup, d’avoir eu une téléconsultation : ce que l’on en retient ou pas, aussi bien en tant que patient qu’en tant que médecin (III).