Lorsqu’on évoque les résonances stendhaliennes de certains romans de Giono, en particulier dans "Le Cycle du Hussard", on a coutume d'en excepter la description, et particulièrement la description des paysages. À un Stendhal réputé sensible à la nature, mais réfractaire à la description, il n’est pas difficile en effet d’opposer un Giono dont la passion de décrire, et particulièrement de décrire la nature, est l’un des caractères les plus permanents. Il s'agit ici de montrer comment, cependant, la description gionienne évolue dans le cadre même du jeu intertextuel avec Stendhal, pour s’adapter au renouvellement thématique, narratif, stylistique, dont ce jeu est le moyen. Giono devient ainsi comme un "Stendhal paysagiste", c’est-à-dire le paysagiste qu’aurait pu être Stendhal s’il n’avait pas eu la réticence descriptive qu’on lui connaît. Après quelques rappels sur la relation de Stendhal au paysage dans le contexte du romantisme, un détour par la bibliothèque de Giono permet de voir comment celui-ci s’intéresse à la question de la description chez l'auteur de "La Chartreuse de Parme". Enfin, quelques exemples de descriptions sont choisis et analysés dans "Angelo", roman qui est en quelque sorte le laboratoire de cette nouvelle écriture descriptive inventée par Giono.