Marseille est la deuxième ville de la France la plus dense en population, mais également en termes de pauvreté, d’hétérogénéité et d’inégalités sociales. Notre travail s’inscrit dans une recherche collaborative avec une équipe enseignante d’une école maternelle située dans le 13e arrondissement de Marseille, le sixième arrondissement le plus défavorisé de France. Etant un établissement en réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+), il s’inscrit dans les défis liés à la défavorisation sociale qui sont accentués et dont l’impact influe directement la réussite scolaire (Gillot, 2017). Toutefois, l’école maternelle est une des étapes cruciales pour la réussite scolaire (Gillot, 2017) et son importance a été renforcée depuis l’obligation scolaire à 3 ans. D’un côté, la présence régulière à l’école maternelle contribuera à la réduction du redoublement en cours préparatoire ; d’un autre côté, elle représente le premier endroit où l’enfant interagit socialement avec ses pairs (Gillot, 2017). Ainsi, Asdih (2012) réclame que les établissements REP+ s’engagent à coopérer avec les familles, « car ils sont confrontés à des enjeux de réussite/échec scolaire, de prévention du décrochage et de pacification du climat scolaire » (p.35). En fait, de nombreux facteurs ont un effet positif sur la réussite scolaire, parmi lesquels l’implication des parents dans la vie scolaire des enfants (Asdih, 2012, Gillot, 2017). C’est pourquoi notre étude souhaite étudier le dispositif « classe ouverte » comme objet frontière, c’est-à-dire un objet qui permet à différentes personnes d’engager un travail collaboratif (Pelletier, 2019) Ainsi, notre question de recherche sera la suivante : Que rend-on accessible aux parents d’élèves d’école maternelle REP+ dans le cadre d’un dispositif classe ouverte ? S’intéressant à la coéducation et à l’amélioration de la relation école-famille, le dispositif classe ouverte agit bien comme objet frontière (Pelletier, 2022) car il a pour objectif de rendre les parents acteurs dans la vie scolaire de leur enfant (Asdih, 2012 ; Gillot, 2017). En effet, les enseignants mentionnent le désir des parents d’établir un véritable partenariat avec l’école afin de mieux comprendre les attentes de celle-ci (Gillot, 2017). Par ailleurs, ce dispositif sert aussi à modifier les perceptions que les parents ont de l’école (Asdih, 2012). De même, son objectif principal est de faciliter l’accessibilité de ce qui se déroule à l’école, tel que le travail en classe, les méthodes employées par l’enseignante, le travail de leur enfant, etc. Dans cette optique, afin de mettre en place ce dispositif, une recherche collaborative a été menée. C’est ainsi que l’équipe de chercheuses va travailler avec l’équipe pédagogique qui met en place le dispositif. L’équipe élargie a fait le choix de réaliser des entretiens (ante et post) avec les parents pour comparer leurs réponses avant et après la séance de classe ouverte. Cette étude exploratoire s’est déroulée de septembre 2019 à mai 2023 Nous distinguons trois temps pour les entretiens : -T 0 : c’est le temps 0, référent aux entretiens avant le COVID -T 1 : c’est le temps 1 de l’enquête, représentant les entretiens en 2021-2022 -T 2 : c’est le temps 2 de l’enquête, représentant les entretiens en 2022-2023 Dans cette étude, l’approche d’analyse est inductive ; plusieurs catégories d’analyse étaient construites grâce au discours des parents. Pour le traitement des données, des méthodes mixtes (qualitative et quantitative) sont utilisées. La première consiste à effectuer une analyse du contenu sémantique et un classement par thèmes de ce contenu. La deuxième implique la comparaison des moyennes suite à l’utilisation du test de Wilcoxon pour échantillons appariés. Les résultats de cette étude indiquent que ce dispositif favorise la collaboration et la communication entre les parents et l'équipe enseignante, tout en modifiant les perceptions des parents à l’égard du milieu scolaire. Il encourage également la création de nouvelles dynamiques contribuant ainsi à améliorer leur relation. Ainsi, l’objet frontière aura permis d’amorcer la collaboration entre les groupes (parents et enseignants) sans nécessiter un accord préalable (Pelletier, 2022). Bibliographies : Asdih, C. (2012). Collaborer avec les parents pour accompagner la scolarité ? Représentations des enseignants et pratiques professionnelles. Enfances, Familles, Générations, (16), 34–52. https://doi.org/10.7202/1012800ar Gillot, C., & THAMIN, N. (2017). Les relations école-famille au prisme du bilinguisme émergent : l’exemple des écoles maternelles du secteur REP+ de Montbéliard. MASTER “Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation” Mention 1er degré, Professeur des écoles. Ecole supérieure du professorat et de l’éducation. Académie de Besançon Pelletier, L. (2022). Processus de collaboration et rôle des objets frontières en classe passerelle. La nouvelle revue - Éducation et société inclusives, 95, 73-89. https://doi.org/10.3917/nresi.095.0073