Les tiques représentent des acteurs majeurs dans les maladies à transmission vectorielle, du fait de la diversité des agents infectieux transmis, de leur impact en santé humaine et animale et de leur impact socioéconomique. Parmi les agents infectieux majeurs transmis par les tiques, on retrouve notamment des bactéries (e.g., Borrelia sp., Anaplasma sp., Rickettsia sp.), des virus (virus de l’encéphalite à tiques) et des parasites (Babesia sp., Theileria sp.). Du fait des changements globaux, on observe une élévation de la limite d’altitude de l’aire de répartition des tiques et une augmentation de leur densité en zones montagneuses. La colonisation de ces espaces de montagne par les tiques constitue un risque majeur pour la santé des animaux sauvages et domestiques ainsi que pour les humains. Nous avons étudié la présence de tiques dans 4 zones de moyenne à haute montagne en France : le pic du Bazès (Hautes-Pyrénées), le massif du Caroux-Espinouse (Hérault), le massif des Bauges (Savoie) et le massif du Cinto (Haute Corse). Les prélèvements de tiques ont été réalisés dans l’environnement à l’aide d’un drapeau au pic du Bazès, et sur les ongulés sauvages capturés pour les autres sites d’étude (Mouflon : Caroux-Espinouse, Bauges et Haute-Corse, chamois : Bauges). Au total, plus de 4000 tiques ont ainsi été collectées. Selon le site d’étude, une à plusieurs espèces de tiques ont été isolées (pic du Bazès et Bauges : Ixodes ricinus seulement; Haute-Corse : Rhipicephalus bursa, Haemaphysalis sulcata; Caroux : Ixodes ricinus, Haemaphysalis sp., Rhipicephalus sanguineus, Dermacentor marginatus). Ce suivi des tiques a permis de mettre en évidence la présence de tiques actives dans l’environ à une altitude de 1800m au sommet du pic du Bazès. Parmi les tiques prélevées, plus de 1200 ont été échantillonnées et leur ADN extrait. La présence de Babesia sp., d’Anaplasmatacae, de Rickettsia sp. et de Borrelia sp. chez ces tiques a ensuite été recherchée par PCR. Les prévalences de ces agents pathogènes est variable selon les sites d’étude, mais généralement faible. Pour la première fois en France, nous avons pu mettre en évidence la présence de Rickettsia monacensis et ce, dans plusieurs sites d’étude. Cette étude à grande échelle a permis de montrer la présence et la diversité des espèces de tiques chez les ongulés sauvages en zones montagneuses en France, ainsi que les risques potentiels de transmission d’agents pathogènes pour l’homme et les animaux.