Symbole de l’identité nationale adopté dès le XIXè siècle, le drapeau brésilien actuel est en réalité une reformulation du pavillon conçu en 1822 pour le Brésil impérial. Cette continuité intrigue : au moment où l’on assiste au renversement de la monarchie, le drapeau témoigne qu’il n’y a pas de véritable rupture. Entre continuités et ruptures le constitutionnalisme brésilien a toujours eu pour marque cette ambivalence. Afin de comprendre ces interactions entre le passé et le présent, l’analyse de la Constitution aux prismes de l’histoire et de la mémoire est indispensable et elle ouvre d’innombrables horizons de compréhension. La simple observation de la permanence de la Constitution brésilienne de 1988 dans l’ordonnancement juridique par exemple, du contexte de sa promulgation et son temps de vigueur, est pleine de conséquences. Lorsqu’une Constitution est en vigueur longtemps, elle devient agent de l’Histoire, la société commémorant même les anniversaires du texte. Son importance est comparable à celle d’un témoin qui transmet une certaine perception du monde et elle s’inscrit dans la mémoire collective. C’est précisément pour cette raison que la doctrine du droit constitutionnel a recours à des termes tels que « jeunes démocraties » ou « démocraties consolidées », c’est-à-dire, en associant le régime politique à un texte constitutionnel de courte ou de longue durée. Cette « Constitution témoin » crée une mémoire qui véhicule une idée.