Abordé dans les mondes nordiques (Scandinavie, monde viking) et normands (territoires concernés par l’expansion des Normands en Grande-Bretagne et en Méditerranée) pour les IXe-XIIe siècles, l’exil est envisagé ici comme un ensemble de déplacements contraints, imposés par autrui ou imposés par la nécessité, voire un choix personnel, vers un ailleurs plus ou moins éloigné spatialement et/ou culturellement, à partir d’un territoire d’origine. L’un des enjeux de ce travail consiste à comparer ces espaces politiques (qui partagent des caractéristiques communes, notamment culturelles, mais aussi des disparités via leurs évolutions respectives) dans leurs pratiques et discours sur l’exil, en les comparant avec les trajectoires effectives d’un corpus prosopographique d’exilés. Ceci dans le but de mieux comprendre les modalités politiques, juridiques, sociales et culturelles du bannissement (plus ou moins temporaire), et donc de confronter représentations et réalités à propos de cet état. Le phénomène de l’exil est envisagé sous différents angles. Les champs de l’histoire politique et juridique seront sollicités en interrogeant l’origine de la pratique et de l’appellation de la procédure juridique du bannissement dans les sociétés étudiées. Cette recherche entend également s’inscrire dans le domaine de l’histoire sociale, à travers l’étude des réseaux et des mobilités, à la fois spatiales et sociales, des individus exilés : il importe pour cela d’élaborer des notices prosopographiques encodées en langage XML-TEI via l’outil e-Personae développé par le CRAHAM et le Pôle Document Numérique de la MRSH de l’Université de Caen, et permettant d’envisager des modélisations cartographiques et statistiques. Le projet comporte enfin un volet culturel, questionnant l’histoire des représentations touchant à l’exil et aux exilés, qui amèneront aussi à développer le thème des récits d’origines et de la mise en récit du passé (réel ou fantasmé) d’un groupe social ou ethnique.