Les multiples usages sociaux de la Kafala en situation de migration : protection et non protection des mineurs recueillis
Résumé
L’objectif de cet article est d’apporter un certain éclairage sur une institution de droit islamique, la kafala qui est un recueil légal d’enfant. Les kafala algérienne et marocaine m’interrogent plus spécifiquement en situation de migration dans la mesure où de nombreux ressortissants français (majoritairement composés de couples mixtes et binationaux) se tournent actuellement vers le Maroc ou l’Algérie pour recueillir un enfant par voie de kafala. Les uns sont inscrits dans un parcours d’adoption et accueillent un enfant abandonné, tandis que d’autres prennent en charge un enfant connu, qui n’est pas en situation d’abandon. Je souhaite exposer ici le caractère multifonctionnel de la kafala et l’ambivalence d’une institution qui s’entend comme une mesure de protection de l’enfance, mais qui parfois, s’agissant notamment de la kafala notariale marocaine, est détournée de ses visées initiales d’assistance pour se muer en un instrument de traite et de maltraitance.