Depuis la première édition des jeux Olympiques (JO) de l’ère moderne en 1896, la natation fait continuellement partie du programme. Avec l'athlétisme, elle en est d’ailleurs l’un des sports majeurs et l’une des attractions principales. Or, de l’organisation des Épreuves de natation des JO à Athènes (1896) à ceux de Paris en 1924, nous constatons de nombreuses ruptures du point de vue notamment de la nature des espaces dévolus aux courses, du programme des épreuves et de l’accueil des spectateurs. En l’espèce, de la première à la sixième Édition, la tenue des Épreuves bascule de la pleine eau courante en milieu naturel (mer), à la piscine olympique urbaine avec ses bassins normés. Du cotées spectateurs, on passe de leur libre circulation sur les bords de la baie de Zéa (1896), puis des berges de la Seine (1900), à leur mise en ordre dans les imposantes tribunes de la piscine parisienne des Tourelles (JO 1924) implantée dans le 20e arrondissement. S’agissant des Épreuves, dés la troisième Édition des JO de 1904 à Saint-Louis (États-Unis), la natation utilitaire et la natation de marathon en eau vive sont retirées du programme. Depuis les JO de 1924, l’architecture de la piscine olympique avec son eau morte n’a pour ainsi dire pas évolué. En termes d'héritage, elle garantit l’Egalité de départ entre les compétiteurs, offre aux spectateurs rassemblés et contrôlés une qualité de vue permanente sur la dramaturgie des épreuves, assure par des moyens techniques modernes de lucratives retransmissions à l’Échelle planétaire et répond, depuis deux décennies, aux enjeux Écologiques et sécuritaires. Basée sur l’historiographie de la natation sportive, les rapports officiels des JO et la presse sportive, cette étude entend mettre en lumière comment le Comité olympique international (1894) et la Fédération internationale de natation amateur (1908) se sont entendus, entre 1908 et 1924, pour mettre en ordre dans un espace bâti, normé et standardisé les nageurs des deux sexes, ainsi que les spectateurs, en Évinçant du programme la natation utilitaire et la natation de marathon. Il s’agit également de montrer comment, à compter des JO de 1924, l’espace de la piscine olympique a permis et nourri en héritage un spectacle total mettant en scène la blanchité, en tant qu’hégémonie sociale et culturelle, des nageurs et nageuses.