La thématique est peu commune pour une juriste privatiste, spécialisée en droit de la famille. De prime abord, l’idée de relier le droit et l’architecture interpelle, interroge, surprend de par la nouveauté et la transdisciplinarité recherchée. Mais immédiatement, cette reliance, parle, évoque une évidence : le droit comme l’architecture ont pour point commun le même art celui de bâtir. Dès lors, le positionnement scientifique consiste à relier, le droit et plus particulièrement le droit de la famille à l’architecture tant dans un sens métaphorique que dans un sens plus concret. Dans son sens métaphorique, les liens familiaux se sont modifiés, diversifiés, perturbant ainsi les référents familiaux. En effet, le droit du modèle, cède peu à peu devant la pluralité des options. On assiste à la mise en place d’une famille « démocratique », « anti-autoritaire », « égalitariste » concurrente du modèle traditionnel et qui bouleverse sans précédent les rapports familiaux. L’ensemble des piliers et des fondations structurant la famille sont aujourd’hui remis en cause. Le pluralisme du droit de la famille, ainsi que sa libéralisation, fait place à une multiplication des socles conjugaux et happe les principes directeurs de la parenté pour faire place à l’homoparenté et la pluriparentalité. Face à ces mouvances, la résidence, le lieu de vie commun constitue le nouveau symbole, le point de reliance des différentes relations familiales. Loin de se limiter, au lien du sang ou d’alliance, la résidence vectrice des relations éprouvées au quotidien laisse au contraire apparaitre la diversité et la densité des liens familiaux. Si l’architecture de la famille est ébranlée, la famille semble se recentrer autour d’un élément architectural fondamental : sa résidence. Aussi, peut-on conclure que le vécu « fait » la famille, la famille ne se définit plus elle se vit.