En 2021, les archéologues de l’Inrap ont fouillé un espace funéraire dans la bourgade de Saint-Pierre-en-Faucigny, une petite ville de la moyenne vallée de l’Arve, implantée à une trentaine de kilomètres de Genève. Connu depuis des décennies après des découvertes fortuites, le site n’avait jamais fait l’objet de fouilles méthodiques, jusqu’à cette opération d’archéologie préventive. Environ deux cents sépultures ont été identifiées aux abords d’un édifice maçonné encore très bien conservé, mais dont la datation, dans le courant du IVe ou au début du Ve siècle ap. J.-C, reste à préciser. De plan rectangulaire (8,50 m x 5,50 m), ce bâtiment orienté est conservé sur près de 2 m de haut. Tout laisse à penser que l’espace fouillé correspond à la partie hypogée d’un édifice qui portait un étage légèrement surélevé par rapport aux niveaux de circulation dans le cimetière. Couverte par une voûte en tuf, la partie inférieure de l’édifice abritait cinq tombes maçonnées, construites hors sol. Trois autres sépultures enterrées immédiatement en avant du seuil et au fond de de l’édifice, étaient recouvertes par des sols de mortier. Deux tombes, contemporaines de la construction du mausolée, sont au centre de l’attention. L’hypothèse actuelle est qu’elles abriteraient pour l’une, le fondateur, quand la seconde, plus imposante, serait dédiée à un personnage vénéré. Outre ses dimensions hors norme, cette dernière dispose, en effet, d’un équipement singulier permettant la circulation d’un liquide, afin d’en assurer la sanctification au contact des restes du défunt, probablement protégés par un cercueil de plomb. Un changement de rite a rapidement mis fin à cette pratique, et l’occupant initial, présumé saint, a été déplacé. La topographie au sein de l’édifice montre que la tombe était selon toute vraisemblance masquée, par exemple par un panneau de bois décoré, déposé à l’occasion de remaniements du monument. Immédiatement au nord de la sépulture vénérée, construite contre le mur goutterot, la deuxième tombe présente elle aussi des caractéristiques surprenantes. Tandis que le parement extérieur est revêtu d’un bel enduit de mortier rouge, l’intérieur a fait l’objet d’un traitement beaucoup plus fruste qui dénote. Aussi faut-il envisager la mise en œuvre d’éléments périssables (tissus, panneaux de bois peints), pour masquer les imperfections. De la même manière, une superstructure maçonnée construite au-dessus de la tombe proprement-dite, tel un arcosolium, présente un défaut de traitement de la paroi qui ne pouvait disparaître qu’en le dissimulant par l’adjonction d’un dispositif retiré ou détruit. Au-delà de la perception des données immédiatement accessibles, y compris sous forme de trace, une approche sensible, dument soutenue par de solides analyses archéologiques, taphonomiques, mais également métabolomiques, auront permis de disposer de nouveaux éléments pour tenter de retrouver les pratiques, mais également les décors à l’intérieur du mausolée alto-savoyard.