Le calcul de dose médicamenteuse en milieu hospitalier pose un problème de santé publique en raison d’erreurs récurrentes dont les effets sont parfois tragiques. Les recherches en sciences infirmières sur cette question documentent abondamment l’activité d’exécution des calculs, mais sans traiter des raisonnements globaux qui les organisent. Dans son œuvre, Gérard Vergnaud adopte un point de vue global sur l’activité humaine et son développement, en lien avec les savoirs qui la sous-tendent. C’est la voie que nous avons suivie pour notre recherche sur l’injection de dobutamine en service de réanimation, l’un des médicaments classés à risque par les autorités de santé. Notre point de vue est en effet situé en amont des protocoles médicaux qui cadrent l’activité infirmière. Il donne accès à une pensée infirmière qui dépasse la seule exécution de ces protocoles définis par les médecins. Au carrefour entre didactique des mathématiques et didactique professionnelle, notre étude met au jour les raisonnements qui déterminent les calculs effectués par les infirmières ainsi que deux concepts organisateurs de leur activité de préparation et d’administration médicamenteuse : la sécurité qui doit être assurée au patient, et l’efficacité qui repose sur l’adaptabilité simple et rapide de l’injection en fonction de l’évolution de la pathologie.