Il y a ce que l’on sait. Un climat qui change et assène des coups plus fréquents et plus violents. Des canicules qui s’intensifient, des cyclones de plus en plus puissants, des sécheresses comme on n’en a jamais connu, des feux de forêt qui étendent leur emprise, des pluies diluviennes, des vagues qui partent à l’assaut des littoraux… Et puis il y a tout ce qu’on ne sait pas. La cartographie précise des nouveaux risques, ceux qui perturberont nos propres vies, leurs impacts systémiques, le rythme de la montée des eaux et même la façon dont nous réagirons face aux catastrophes. Demeurent bien sûr quelques incertitudes scientifiques, mais surtout une inconnue majeure de l’équation qui détermine l’ampleur des chocs : quelle sera notre capacité à décarboner nos modes de vie ? S’ajoutent aux surprises du climat la question des ressources de toute nature (eau, énergie, matériaux…) dont le caractère limité est désormais flagrant, et une crise de la biodiversité que nous ne pouvons plus nier puisque nous réalisons enfin que nous faisons partie du vivant menacé par nos propres actes. Avec cette pandémie qui nous a fait collectivement prendre conscience de nos fragilités, nous sommes entrés dans les Trente Turbulentes. Trois décennies qui nous séparent du milieu du siècle au cours desquelles nous devons apprendre à vivre dans l’incertitude. Nous allons connaître des fluctuations d’une amplitude inimaginée, pour lesquelles les solutions du passé seront impuissantes. Car il ne sert plus à grand-chose de regarder en arrière pour prévoir le futur…