Un exotisme du proche ?
Résumé
En s’appuyant sur Trouville Casino de Christine Montalbetti (P.O.L, 2018) et Quelqu’un s’approche de Mathieu Riboulet (Verdier, 2000), cet article interroge l’affirmation et les devenirs d’un exotisme du proche dans le roman français contemporain. Dans la lignée des « écrivain.es de la Creuse » (Pierre Michon, Pierre Bergounioux, Marie-Hélène Lafon) et plus largement de toute une littérature des mondes perdus (monde rural, monde industriel, selon toute une tradition dont on trouve des jalons puissants au XXe siècle), ces romans permettent en effet d’explorer deux pistes principales :
-la prise en charge par la littérature des évolutions des sciences humaines depuis les années 1970, particulièrement de l’ethnologie et de l’histoire dont la perspective se resserre sur l’humble et le proche ;
-les devenirs (réfutations et continuités) du motif littéraire de l’exotisme – et à partir de celui-ci ceux de l’altérité et de la distance – dans la littérature narrative contemporaine.
L’esthétique romanesque, à l’heure où l’intérêt critique se porte massivement sur les littératures dites « de terrain » pour étudier la représentations des espaces périphériques, fonctionne dans ces romans très récents comme un outil d’exploration et de défamiliarisation de ces espaces. Elle se donne ainsi comme une manière de prendre en charge les inquiétudes et les nostalgies actuelles sur le territoire français, son centre et ses périphéries.