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Communication Dans Un Congrès Année : 2024

Approche épistémologique et historique de la place des restes humains au sein des sépultures préhistoriques, envisagées comme des hybrides à la fois biologiques et culturels

Résumé

L’archéo-anthropologie funéraire s’intéresse à la gestion des morts et de la mort par les populations du passé. Pour les temps reculés de la Préhistoire, les seuls vestiges de cadavres à disposition sont les ossements. Cependant, l’histoire de la discipline révèle que ces restes osseux n’ont pas toujours constitué les principaux objets scientifiques sur lesquels les archéologues et préhistoriens ont construit leurs interprétations des sépultures préhistoriques. Ils s’appuyaient essentiellement sur l’analyse des vestiges plus « culturels », à savoir le mobilier et les éléments d’architecture funéraires. Ce n’est qu’à partir des années 1960 qu’ils deviennent les éléments centraux de la démarche archéo-anthropologique. Nous proposons de parler de "saillance" épistémologique des restes humains, en référence à l’expression "salience" (Daston, 2000), pour décrire ce moment de mise en relief des ossements au sein de la sépulture ancienne. Comment expliquer cette valorisation des indices « restes humains » à partir de la fin du XXe siècle ? Depuis ses origines, l’étude des sépultures préhistoriques convoque l’anthropologie physique (rebaptisée anthropologie biologique), chargée de l’analyse des squelettes, composante biologique de la sépulture. Une approche épistémologique et historiographique permet l’analyse du rôle de l’anthropologie physique dans l’évolution du statut épistémologique des restes humains en contexte sépulcral. La saillance épistémologique des ossements à la fin du XXe siècle s’accompagne d’une saillance du cadavre : derrière les ossements, c’est le corps du défunt que l’archéo-anthropologue tente de reconstituer. Le cadavre apparaît en tant qu’objet scientifique à part entière au travers d’une nouvelle méthodologie intégrant le phénomène éminemment biologique de la sépulture : la décomposition cadavérique. L’utilisation de cette approche, appelée analyse taphonomique du cadavre, issue à la fois de la taphonomie (étude de l’ensemble des processus naturels intervenant sur un dépôt archéologique ou paléontologique depuis son enfouissement) en paléontologie et de la médecine légale, marque un tournant dans la discipline chargée de l’étude des sépultures anciennes qui devient alors véritablement l’archéologie de la mort et des morts (Duday, 2005). La taphonomie du cadavre renvoie au caractère hybride nature-culture de la sépulture qui renferme un corps naturel dans un contexte culturel. Elle permet l’analyse de ce dialogue entre le phénomène naturel qu’est la décomposition cadavérique et les gestes funéraires culturels qui conditionnent cette métamorphose. Comment expliquer une émergence si tardive de cette méthodologie basée sur l’exploitation de la composante naturelle, biologique, de la sépulture ? Pour le comprendre, la notion de dépassement d’obstacles épistémologiques (Bachelard, 1938) peut sembler pertinente. Objet hybride, symboliquement chargé, propice à la subjectivité, le reste humain préhistorique en contexte funéraire, et la sépulture, réunissent en effet de nombreuses spécificités qui mettent sur la piste d’obstacles à la connaissance, comme celui de la représentation de la mort, du cadavre et de la métamorphose cadavérique. Par ailleurs, des conditions non strictement scientifiques ont également pu favoriser la valorisation des restes humains en archéo-anthropologie, comme la mise en œuvre de réflexions éthiques et juridiques autour du statut du cadavre.
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Origine Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04598540 , version 1 (03-06-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04598540 , version 1

Citer

Anna Thibeau. Approche épistémologique et historique de la place des restes humains au sein des sépultures préhistoriques, envisagées comme des hybrides à la fois biologiques et culturels. Journées Shesvie 2024, SHESVIE, May 2024, Tours, France. ⟨hal-04598540⟩
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