Consacrée au chorégraphe Boris Charmatz, « grande figure internationale de la danse contemporaine », l’exposition Danses gâchées dans l’herbe est présentée au Fond régional d’art contemporain (Frac) de Marseille de décembre 2023 à mars 2024. La critique politique de cette exposition ne vise pas les qualités du danseur et le travail qui lui permettent une telle maîtrise, mais les discours qui l’accompagnent et la manière dont ce travail est mis en scène et valorisé au sein d’une prestigieuse institution de l’art contemporain. À travers sa mise en scène au Frac, le chorégraphe figure le produit d’un système, qu’il entretient lui-même dans sa persévérance à inscrire ses créations dans l’espace muséal. Il s’agit de valoriser l’œuvre en dissimulant les ressorts des relations entre l’espace de production et l’espace de consommation. Pour cela, l’artiste exploite un stéréotype contemporain qui consiste à faire croire que son art est « politique ou écologique ». Si nous sommes là bien évidemment dans le domaine de l’apparence et de la communication, cette forme d’art est intouchable, car seule demeure la possibilité de l’encenser. C’est bien dans cette perspective déclinée à foison dans les dossiers de presse que sa danse jouit d’un statut d’exception, d’autant que ce que nous avons pour coutume de nommer « la critique » est quasi systématiquement favorable aux œuvres et à l’artiste.