Le concept de modernité est largement associé à une forme précise de la modernité, occidentale, urbaine, fondé sur le libéralisme économique et la séparation nature-culture, entre autres, et qui elle-même évolue en se modernisant toujours plus (le changement étant le propre de la modernité) (Beck 1998, Citot 2005). La forte remise en cause de ce modèle, notamment dans ou via le monde rural, peut conduire à un rejet de « la modernité », dans une acception vague qui recouvre une réalité mouvante. À la lumière de ce que nous avons esquissé dans notre lecture de publications liées au phénomène écohameau, nous avons pu constater que ce rejet pouvait se cantonner à celui de la modernisation occidentale actuelle, à des degrés divers, ou s’étendre jusqu’à refuser tout à fait l’esprit de la modernité. Si le terme de « modernité » n’est que rarement présent dans les productions textuelles que nous avons étudiées, il n’en reste pas moins que les valeurs associées sont bien souvent mentionnées. Si nous devions mener réellement cette analyse en profondeur, ce serait peut-être dans l’esprit polythéiste de François Dubet qu’il faudrait chercher à identifier différents rapports à la modernité dans les écohameaux, dont une importante partie semble ne pas se dissocier de cet idéal mais simplement proposer de changer l’équilibre des valeurs. Dans une situation d’hétéronomie, ces initiatives proposent un changement de cap, c’est-à-dire une réflexivité, élément qui, ne l’oublions pas, est également fondamental dans l’esprit de la modernité.