Nous nous proposons de réfléchir aux apports et limites d’une approche quantitative des « habitats collectifs et écologiques » en milieu rural (Leblay, 2020), que nous appelons écohameaux. En prenant appui sur des définitions non académiques par des acteurs de la société civile, ainsi que sur certains éléments de littérature scientifique, nous définissons l’écohameau comme un lieu de vie et d’habitation en milieu rural à caractère collectif, affichant une volonté de rupture avec les normes dominantes et le mode de vie majoritaire, et donnant une place majeure à l’environnement ainsi qu’au questionnement des rapports humains-nature (Christian 2003, Coopérative Oasis 2022, Global Ecovillage Network 2022, Lockyer et Veteto 2013, Meijering et al. 2006). Cette proposition s’inscrit dans le cadre d’une thèse de doctorat en cotutelle, débutée en 2021, en géographie à l’Université de Rouen Normandie et en sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal. La thèse a pour ambition d’aborder les écohameaux français et québécois à partir de diverses méthodes qualitatives (principalement) et quantitatives tant sur la Toile que sur le terrain, afin de s’intéresser aux discours et idées qu’ils véhiculent, à la façon dont ces idées sont transformées en actes, et aux influences réciproques entre les projets et les territoires dans lesquels ils se déploient. Dans un premier temps, nous présenterons un travail de recensement semi-automatisé des écohameaux français et québécois sur la Toile, qui a abouti à la création d’une base de données géographique de 849 écohameaux existants, ayant existé ou en projet. Nous présenterons les méthodes employées (utilisation de moteurs de recherche et moissonnage de bases de données) et les difficultés rencontrées, en abordant notamment la question de la désignation de critères d’inclusion ou d’exclusion à partir d’une définition élastique des écohameaux, et celle de la qualité et de la fiabilité des données. Dans un second temps, à partir de la cartographie des écohameaux recensés, nous présenterons quelques éléments d’analyse spatiale afin de déterminer en quoi cette base de données présente un potentiel heuristique, par exemple en permettant d’établir des hypothèses de recherche qui pourraient être testées par la suite à l’aide d’approches qualitatives. À l’inverse, nous pourrons aussi nous demander si une telle base de données pourrait servir à tester des hypothèses établies au préalable sur le terrain à l’occasion d’une approche locale et micro-sociale, et ainsi permettre des montées en généralité.