Les enjeux de la recherche en sciences de l’environnement Depuis le début de l’ère industrielle, marquant l’entrée du système Terre dans l’Anthropocène, la Terre connaît l’une des plus grandes transformations environnementales qu’elle ait subies en un temps très court à l’échelle des temps géologiques. Les conséquences en sont visibles de l’échelle des territoires à celle du globe et affectent profondément l’ensemble des enveloppes fluides, les écosystèmes, les systèmes socio-économiques et la santé de l’environnement, dont celle de l’Homme. Acquérir les données qui permettent de comprendre, modéliser et représenter, qualitativement et quantitativement, les changements et les processus sous-jacents permet d’agir sur le système Terre afin de limiter les changements en question ou réduire leurs impacts. Les infrastructures de recherche du domaine système Terre et environnement sont conçues pour soutenir et observer, sur le long terme, les différentes composantes environnementales parfois expérimenter ou encore en préserver des archives. Elles comportent aussi des outils numériques de calcul haute performance et de stockage massif des données offrant des services d’accessibilité suivant le principe FAIR. Beaucoup de ces données ainsi que leurs chaines de traitement et d’analyse sont également exploitables, et exploitées, par des acteurs qui ont une mission opérationnelle, notamment de protection des personnes et des biens. Les infrastructures de recherche en sciences du système Terre et de l’environnement sont donc une des pierres angulaires pour répondre aux grands enjeux scientifiques que posent les Objectifs du Développement Durable de l’ONU à l’horizon 2030 ou à ceux de la décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030). Un panorama des infrastructures de recherche françaises du domaine des sciences du système Terre et de l'environnement En France, le ministère chargé de la recherche a mis en place une démarche structurante qui a débouché en 2008 sur l'édition d'une première feuille de route nationale des infrastructures de recherche, mise à jour en 2012, 2016 puis 2018, parallèlement aux mises à jour successives de la feuille de route européenne ESFRI (European Strategy Forum on Research Infrastructures). Elle compte, en 2018, 25 infrastructures de recherche dans le domaine de l’environnement dont certaines communes avec les domaines Biologie-Santé ou Énergie. Le découpage thématique en quatre grands domaines (atmosphère – océans – hydrosphère, écosystèmes continentaux et sols – géosphère) adopté par la feuille de route européenne ESFRI sert de cadre à ce document. L’analyse réalisée montre la cohérence du dispositif français des infrastructures de recherche au sein de chaque domaine. Certaines infrastructures sortent de ce cadre en ce qu'elles concernent plusieurs, voire toutes les composantes (infrastructures logistiques ; collections ; e-infrastructures, dont les pôles de données). Les briques de base de l’organisation sont, pour une large part, des réseaux nationaux d’observation et de mesure qui résultent d’un effort de construction de plusieurs décennies par les communautés, les organismes et les établissements. Un grand nombre de ces dispositifs nationaux constituent les miroirs français d’infrastructures européennes ou internationales. Ces réseaux ont également des déclinaisons locales ou régionales. Certains dispositifs s’étendent bien au-delà du seul territoire métropolitain, sur les territoires ultramarins nationaux mais également à l’étranger, grâce à des partenariats de longue date avec les pays concernés. Ce point fort et original permet d’enrichir la compréhension et la modélisation des mécanismes d’évolution de la Terre, du physique et du vivant. Le document présente et commente la répartition des infrastructures de recherche en fonction de 7 grands enjeux environnementaux : Biodiversité, Climat, Alimentation humaine et santé, Ressources naturelles, Territoires, Risques, Besoins technologiques et d’innovation. Poursuivre la dynamique et envisager l’avenir La nécessité de traiter les questions aux interfaces entre environnement, alimentation/ nutrition, transition énergétique et santé dans son périmètre le plus large (One Health/ Eco-Health) plaide pour la conduite d’une réflexion transdisciplinaire et inter-alliances.La transdisciplinarité et l’échange entre infrastructures doivent être renforcés au service d’une approche systémique des questions scientifiques, par exemple par le biais de services dans les pôles de données et la mise en commun de données variées par la consolidation des pôles de données en favorisant leur rapprochement pour l’étude des interfaces. La structuration de l’écosystème de la donnée est une priorité pour qu’elle irrigue toutes les recherches et assure la souveraineté de la France en ce domaine, en conduisant une réflexion nationale sur le modèle économique de la donnée de recherche dans le domaine sciences du système Terre et de l’environnement. Une meilleure synergie scientifique entre infrastructures et avec les parties prenantes scientifiques et sociétales est nécessaire, avec des lieux et des moments de rencontres dédiés, une activité de réseau pour renforcer la coopération et la coordination entre acteurs pour l’expertise et l’appui aux politiques publiques. La veille technologique sur les développements instrumentaux doit conduire à renforcer les liens entre les infrastructures et l’industrie. Bien dimensionner, planifier et garantir les moyens nationaux, financiers et humains, sur une base pluriannuelle est crucial pour que la France maintienne sa capacité logistique, ses collections et ses systèmes d’observation et d’expérimentation à haut niveau, et garde sa place dans la stratégie européenne et internationale dans le domaine des sciences du système Terre et de l’environnement.