EAC et éducation au patrimoine : de l’analyse des textes institutionnels à de nouvelles problématiques émergentes - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2024

EAC et éducation au patrimoine : de l’analyse des textes institutionnels à de nouvelles problématiques émergentes

Résumé

L’extension de la dénomination « éducation artistique et culturelle » (EAC), qui a remplacé et complété à partir de 1998 « éducation artistique » , porte deux significations. L’adjonction de la formule « et culturelle » permet, d’une part, de nommer une conception large des domaines culturels dans le partenariat culture – éducation, au-delà des seuls arts de création. D’autre part, elle désigne une vision culturelle des apprentissages propres à l’EAC, telle que l’exprime par exemple la circulaire conjointe de 2005 : « L’éducation artistique et culturelle renforce la dimension culturelle dans l’ensemble des disciplines ; elle permet l'acquisition de compétences transversales mobilisables dans d'autres domaines d’apprentissage ». Une lecture superficielle de cette évolution sémantique pourrait laisser croire que l’EAC s’est d’abord intéressée au domaine des arts de création puis s’est élargie plus tard au patrimoine et aux musées. La lecture des grands textes fondateurs montre au contraire que ces deux domaines sont présents dès l’institutionnalisation de l’EAC, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils se sont développés selon les mêmes voies. Ainsi, Véronique Castagnet-Lars présente l’éducation comme une extension de la politique patrimoniale : chronologique, catégorielle, puis pédagogique [CAS 13, p. 6], et la même observation pourrait être faite à propos de l’éducation au théâtre, à la danse, aux médias, et à nombre d’autres « éducations à ». De plus, une vision historique plus large que celle qui s’attache à la période d’institutionnalisation de l’EAC à partir des années 1970-1980 montre que les acteurs du patrimoine et de l’éducation ont tissé des liens bien antérieurs à cette institutionnalisation. Néanmoins, l’EAC est restée durablement, dans l’esprit de nombreux acteurs et décideurs, attachée aux arts et plus particulièrement aux problématiques de la création. Il faut attendre les années 2000 et l’intérêt grandissant des collectivités territoriales pour l’EAC pour que les hiérarchies, implicites ou explicites, entre les domaines commencent à s’estomper. Nous posons l’hypothèse que ces hiérarchies reposent sur une vision clivée autour de la médiation culturelle, qui oppose un modèle de transmission récusant l’idée même de médiation et un modèle de transmission fondé sur la médiation. Cette hypothèse est renforcée par le constat que les discours de promesse à propos de l’EAC valorisent des transformations des individus plus profondes dans les arts de création que dans le domaine du patrimoine. Le problème n’est donc pas historique (au sens où les arts préexisteraient au patrimoine dans le partenariat culture-éducation), mais quasi conceptuel, au sens des conceptions qui prévalent dans l’esprit des acteurs.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04580641 , version 1 (20-05-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04580641 , version 1

Citer

Marie-Christine Bordeaux. EAC et éducation au patrimoine : de l’analyse des textes institutionnels à de nouvelles problématiques émergentes. ISTE. Karel Soumagnac (dir.), Numérisation et médiation du patrimoine pour l'éducation, , 2024, Médiations et médiatisations des savoirs. ⟨hal-04580641⟩

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