Bon nombre de travaux récents se sont emparés de la notion de « dialogue » pour définir le rôle du culte impérial dans les rapports entre le prince et les populations de l’Empire : ce culte, loin d’être imposé de manière unilatérale et descendante par le pouvoir impérial, serait le fruit d’un échange réciproque et durable avec les communautés locales et constituerait, de ce fait, un mode de communication placé sous le signe de la réciprocité. Or de quoi parle-t-on véritablement en mobilisant le concept de dialogue ? Ne faut-il pas substituer à cette notion, imprécise et ambigüe, celle, plus spécifique, de « négociation » ? On tentera donc d’examiner à quel(s) niveau(x) et selon quelles modalités le concept de négociation peut être mobilisé à propos du culte impérial. L’octroi d’honneurs divins aux empereurs pouvait-il être employé par certaines communautés locales comme un instrument de négociation en vue d’obtenir des titres ou des privilèges ? Le refus des honneurs divins formulé par certains empereurs ne constitue-t-il pas un exemple de négociation ? Au-delà de ces cas ponctuels, peut-on, plus largement, voir dans le culte impérial une forme de négociation sans fin ? Dans un régime reposant sur l’idéal du consensus uniuersorum et l’adhésion à la personne même du prince, le culte impérial pourrait apparaître comme un phénomène politique et religieux permettant aux communautés de l’Empire et au prince de définir la relation de pouvoir, fondamentalement dissymétrique, qui les unit en des termes acceptables pour chacun.