Dans la première moitié du XVIIe siècle, Paris constitue le pôle d’attraction du théâtre professionnel en France. Au sein des troupes qui se constituent alors dans la capitale s’agrègent des comédiens spécialisés dans l’exercice de la farce, originaires de l’ensemble du territoire français, fournissant les indispensables intermèdes burlesques de chaque représentation. Notre communication propose une étude de cas montrant comment les parcours de trois représentants majeurs de la farce baroque parisienne éclairent l’influence des spécificités dramatiques provinciales sur le théâtre de la capitale. La carrière d’Hugues Quéru, alias Gaultier-Garguille, originaire de Sées, illustrera l’héritage dramatique des « sociétés joyeuses » médiévales normandes. Les pérégrinations de son successeur spirituel, Bertrand Hardouin de Saint-Jacques dit Guillot-Gorju, nous mèneront sur la route des comédiens-charlatans itinérants du sud de la France. Enfin, nous verrons comment les tournées de la troupe du jeune Molière lui permettront de retrouver en province les traces d’une forme comique tombée en désuétude à Paris, qui assurera le succès de sa compagnie lors de son retour à la capitale.