Ce chapitre cherche à montrer combien la notion de « domicile », par contraste avec celle de « résidence », constituait une ressource juridique souple et instrumentale, adaptée à l’activité des gens de mer, mais aussi aux conditions plus conjoncturelles du marché du fret dans les premières décennies du XVIIIe siècle. Il défend l’idée que les procédures et les critères d’enregistrement des navires et des capitaines, qui mobilisent tout à la fois les catégories de domicile, de résidence et de naturalité, mettent au jour ce que l’on pourrait appeler une "généalogie maritime de la citoyenneté et de la nationalité", entendue comme une matrice – parmi d’autres voies possibles – des mutations juridiques, administratives et politiques de l’identification à l’époque moderne.