Clay Apenouvon - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Autre Publication Scientifique Année : 2023

Clay Apenouvon

Résumé

Il y a bien des manières d’aborder le travail d’un artiste. Si pour certains d’entre eux, le titre donné à une œuvre peut être passé sous silence, dans le cas de Clay Apenouvon, cette dimension scripturaire est capitale. Loin d’être annexe, elle éclaire notre regard et questionne nos repères. Lumière promise, ligne de survie, source, ring, etc., tout cela évoque la diversité et la profondeur de l’expérience humaine. Entre combats, espoirs, promesses et interrogations existentielles, les toiles de Clay Apenouvon s’apparentent à un parcours initiatique qu’il nous propose de suivre. L’intention affichée par ces intitulés est un pari audacieux tout autant que les matériaux qu’il choisit pour en rendre compte. De ce point de vue, l’utilisation du « film noir » est exemplaire. D’une extrême simplicité, n’ayant pas d’autre rôle que d’emballer les colis stockés sur des palettes de bois, ce matériau se voit propulsé dans le monde de l’art se substituant à la peinture elle-même. Sa transformation est si pertinente que notre regard se laisse séduire au point d’oublier la vocation première de ce « film » devenant « peinture ». Souplesse et élasticité concourent à une efficace transformation. Mais c’est sans conteste lorsqu’il forme des sillons aléatoires sortes de traces d’un pinceau, pourtant inexistant, qu’il rejoint la peinture dans sa pleine expression. Le point d’orgue de la métamorphose arrive avec la lumière. Par touches discrètes, distribuée avec parcimonie dans le cas de « ligne de survie » par exemple, elle entre dans le noir intense. Plus accentuée, sous forme de points, lignes, traits pour « la source » elle aimante notre attention et nous rappelle son puissant pouvoir hypnotique. On comprend pourquoi Clay Apenouvon s’est intéressé depuis longtemps aux toiles de Rembrandt. Fasciné par le maître incontesté du clair-obscur, on devine la leçon qu’il est allé chercher chez ce peintre d’exception qui a fait sienne la question des contrastes et du mystère qu’ils induisent. Pour Clay Apenouvon la façon de placer des zones d’or, dans un environnement de noir profond, revient à donner un coup de projecteur sur le sujet qu’il montre. C’est lui qu’il faut regarder et c’est d’ailleurs lui auquel nos yeux sont accrochés. Cette « ligne de survie » quelque peu énigmatique devient la nôtre. Celle de notre existence parfois malmenée ou d’un objectif à atteindre qui se reflète dans le miroir d’une situation que nous ne maîtrisons pas. Une leçon de vie, s’il en est. Peu importe l’interprétation que chacun peut en faire, le résultat est là. Dans un contexte de totale abstraction, avec comme seul allié le « film noir »,Clay Apenouvon crée un langage artistique à part entière. C’est puissant, radical et absolu au point que nous ne pouvons pas échapper à ce que nous voyons. Mais l’intention du travail de l’artiste ne nous est pas encore totalement dévoilée si nous ne considérons pas sa relation particulière au châssis. Objet d’une très grande attention de sa part, il voit en lui plus que la structure matérielle de son œuvre, mais le soutien total à forte portée symbolique qu’il représente. Il est l’ossature sans laquelle rien ne pourrait exister. Invisible pourtant, il soutient l’artiste dans son projet. Le travail de Clay Apenouvon invariablement orienté vers le champ métaphorique, révèle que l’œuvre d’art est par essence une affaire d’intention qui se loge dans la part indicible de celui qui la crée. Celle-ci résulte d’une négociation entre la matière et l’ineffable qui la précède. L’artiste orchestrant chacune de ses parties.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04567676 , version 1 (03-05-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04567676 , version 1

Citer

Pascale Cazalès. Clay Apenouvon. Clay Apenouvon, 2023. ⟨hal-04567676⟩
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