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Article Dans Une Revue Etudes Epistémè : revue de littérature et de civilisation (XVIe - XVIIIe siècles) Année : 2022

Avant l’âge d’or : pour une histoire du sonnet imprimé en Angleterre (1547-1592)

Résumé

The history of the early modern English sonnet is well known. However, the discrepancy between, on the one hand, the relative absence of the sonnet (strictly defined) in the 1560s and 1570s, and, on the other hand, its sudden success in the 1590s, remains largely unexplained. Analysing the mise en page of sonnets printed from 1547 to 1592, this paper argues that what put an end to the low circulation of the printed sonnet was the specific conditions of the 1580s – a decade marked both by the sudden rise of the book in Italian and by a brief economic boom of the book industry in London. The role of John Charlewood, in particular, has largely been neglected: exploiting the features of the quatorzain and putting his experience as a printer to good use, he created a new aesthetics for the sonnet sequence, the most successful example of which is undoubtedly Samuel Daniel’s Delia (1592). After Charlewood died in 1593, the editorial frame of the sonnet sequence was widely appropriated by printers for other pursuits than just sonnet books. One of the factors that made the golden age of the Elizabethan sonnet possible at all was therefore a de facto alliance between the interests of the poets and the printers, at a moment when such an alliance was relevant to the book industry. L’histoire du sonnet de la Renaissance anglaise est bien connue, et pourtant une énigme demeure : celle de l’éclipse relative du sonnet (au sens strict du terme) dans les années 1560 et 1570, et, par contraste, son succès soudain au cours de la décennie 1590. L’analyse de la mise en page des sonnets imprimés entre 1547 et 1592 révèle un certain désintérêt initial pour les spécificités du sonnet, dont la circulation reste d’ailleurs assez limitée, avant qu’auteurs et imprimeurs ne s’en saisissent de concert dans les années 1580, dans le cadre d’une reconfiguration de l’environnement éditorial liée à l’essor du livre en italien et à une brève embellie économique. Le sonnet connaît alors une soudaine efflorescence sous l’impulsion de l’imprimeur John Charlewood, dont le rôle a été jusqu’ici largement négligé. Tirant parti des caractéristiques du poème autant que de son expérience professionnelle, il élabore une esthétique du recueil de sonnets dont l’exemple le plus réussi est sans doute Delia (1592), de Samuel Daniel. Après la mort de Charlewood en 1593, le canevas éditorial qu’il a créé rencontre un large succès auprès des imprimeurs, et dépasse le seul cadre du recueil de sonnets. Le sonnet élisabéthain a ainsi connu son âge d’or au moment où ses caractéristiques formelles sont entrées en résonance avec les bouleversements de l’imprimerie, et ont permis une alliance de fait entre poètes et imprimeurs.

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hal-04558462 , version 1 (29-04-2024)

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Citer

Rémi Vuillemin. Avant l’âge d’or : pour une histoire du sonnet imprimé en Angleterre (1547-1592). Etudes Epistémè : revue de littérature et de civilisation (XVIe - XVIIIe siècles), 2022, 41, ⟨10.4000/episteme.15112⟩. ⟨hal-04558462⟩
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