Cet article propose de discuter, à partir de la muséologie sociale, comment les actrices et les acteurs sociaux s’organisent pour revendiquer le droit à la mémoire des populations subalternisées. Dans un premier temps, nous analysons l’émergence du champ disciplinaire reconnu comme la « muséologie sociale » à partir de son projet en Europe et aux Amériques, notamment au Brésil. Il s’agit d’interroger dans quelle mesure la muséologie sociale se présente comme une méthodologie de rupture avec les paradigmes eurocentrés, colonialistes, hiérarchiques, pour proposer un autre « droit à la mémoire et à la culture » populaire, horizontal et, d’une certaine manière, décolonial ou contre-colonial. Dans un deuxième temps, nous présentons trois projets de musées sociaux au Brésil, qui ont vu le jour dans différentes villes et qui correspondent à différentes attentes : le cas d’un collectif de musées « communautaires » de l’État du Céara, dans le Nord-est du Brésil ; le cas du musée MUQUIFU (Musée des Quilombos et des Favelas Urbains), fondé en 2012 et situé à l’entrée de la Villa de l’Estrela (Aglomerado Santa Lúcia) à Belo Horizonte ; puis, nous analysons le combat mené pour le projet de « Musée Marin João Cândido », toujours en cours à São João de Meriti, banlieue populaire de Rio de Janeiro. Dans ces trois dynamiques, les actrices et les acteurs sociaux sont en étroite relation avec les pouvoirs publics, et utilisent leur potentiel de résistance comme argument politique. muséologie sociale, Brésil, mémoire, contre-mémoire, mots et objets déclencheurs