"Dans l'Athènes classique, tout n'était-il que 'noble simplicité et grandeur calme'? Le paysage sensoriel de l'Agora"
Résumé
Le monde grec est souvent perçu comme un univers aseptisé, marmoréen, empli de majesté. On oublie que la vitalité d’une cité comme Athènes palpite d’abord dans la foule bigarrée fréquentant l’Agora, au rythme de l’effervescence des activités qui s’y déroulent. Couleurs, bruits, odeurs fortes s’y mélangent : de nombreuses stimulations sensorielles agissent sur les passants et les habitués du lieu – et toutes ne sont pas agréables ! Les recherches en histoire des sens et du sensible invitent à recomposer un paysage sensoriel plus riche et dépaysant que ce que suggèrent les blocs de pierre actuellement visibles sur le site. Surtout, elles éclairent d’une façon neuve la manière dont les Grecs entrent en relation avec leurs dieux lors des rituels. Ces derniers ne consistent pas juste à accomplir les gestes prescrits mais également à éprouver individuellement et collectivement la présence des entités divines. Pour s’adresser à des puissances dotées de facultés supra-humaines, les Grecs ont mis en place des dispositifs sensoriels spécifiques.