Les voyages de Monsieur Pausanias en Béotie : le regard de l’observateur et la mémoire de l’érudit dans le livre IX de la Périègèsis
Résumé
It is today beyond doubt that Pausanias personally visited most of Boeotia. His text shows indeed many different traces of autopsy. But how did he travel? What experience had he already acquired? What route did he follow? It is necessary to examine closely these questions before any assessment of his testimony. In the Boiotika, Pausanias’ approach is very similar to the way he proceeded in the Attika (Book I), whereas it is clearly different from his more careful method in his fast Peloponnesian books, the Achaïka (VII) and especially the Arkadika (VIII). In addition to historiographical arguments (already presented in 2004), observations can be made on Pausanias’ fragmented itinerary – a piecemeal travel, both by land and sea, with pauses leading to leave blank several important parts of his map of Boeotia – which allow to conclude quite certainly that this part of his work was written when he was not a seasoned traveler yet. The hypothesis of the redaction of the Boiotike sungraphe immediately after the Attike sungraphe, before the reign of Marcus Aurelius, seems even more likely.
On ne saurait plus douter aujourd’hui que Pausanias parcourut personnellement une grande partie de la Béotie. Les indices de l’autopsie sont en effet nombreux et variés. Mais comment voyagea-il, avec quelle expérience déjà acquise et selon quels itinéraires ? Un examen un peu détaillé de ces questions est un préalable à toute évaluation de son témoignage. Dans les Boiôtika, la manière de procéder du Périégète s’avère encore très proche de celle des Attika (livre I), alors qu’elle se distingue assez nettement de la méthode plus rigoureuse suivie dans les derniers livres péloponnésiens, Achaïka (VII) et surtout Arkadika (VIII). S’ajoutant à des arguments d’ordre historiographique présentés dès 2004, les observations que l’on peut faire sur l’itinéraire fragmenté de Pausanias - réalisé à divers moments, par terre et par mer, avec des intermèdes qui ont eu pour effet de laisser en blanc plusieurs secteurs importants du pays béotien - rendent à peu près certain que cette partie de l’œuvre fut rédigée par un auteur encore relativement peu expérimenté. L’hypothèse d’une rédaction de la Boiôtikè sungraphè dans le sillage immédiat de l’Attikè sungraphè, encore avant le règne de Marc Aurèle, semble ainsi se confirmer.