Le rôle des motivations altruistes et des normes personnelles, sociales et morales dans l’engagement des donneurs de sang - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Décisions Marketing Année : 2020

Le rôle des motivations altruistes et des normes personnelles, sociales et morales dans l’engagement des donneurs de sang

Résumé

L’Etablissement Français du Sang (EFS) rencontre de manière récurrente des difficultés à collecter suffisamment de sang pour répondre aux besoins (cf. Encadré 1). De façon générale, la pérennité des systèmes de collecte et de gestion du sang nécessite non seulement de recruter de nouveaux donneurs, mais surtout de fidéliser les donneurs actifs (Guedj, 2013 ; Maubisson et al., 2017). Comme le soulignent Garraud et al. (2016, p. 170), « la transfusion (…) ne peut plus -pour assurer sa mission de service public- ne dépendre que des candidatures spontanées et aléatoires des volontaires ». Maintenir la population de donneurs actifs mobilisée et la fidéliser sont, de fait, des objectifs fondamentaux pour les organismes de collecte de sang et un enjeu de santé publique (Ringwald et al., 2010 ; Errea et al., 2014). En effet, avoir des donneurs engagés et fidèles permet de bénéficier d’une offre stable de sang au cours du temps et d’éviter les coûts élevés associés au recrutement de nouveaux donneurs (Masser et al., 2008). Or, si le don de sang peut être vu comme un comportement pro-social, il est soumis à de nombreuses contraintes (matérielles, médicales…) et est particulièrement intrusif pour le donneur (Masser et al., 2008 ; Pentecost et al., 2017). Les motivations de ce comportement pro-social spécifique et surtout de sa répétition au cours du temps sont, en conséquence, complexes. En l’absence de rémunération du don de sang en France, un donneur fidèle est un donneur engagé, c’est-à-dire prêt à renouveler les efforts nécessaires pour maintenir son statut de donneur de sang sans récompense financière. Cet article vise ainsi à mieux identifier et comprendre les facteurs sous-jacents à son engagement. Si de nombreuses études se sont focalisées sur l’intention de donner son sang, peu de recherches se sont attachées à étudier précisément ce qui incite les donneurs à se muer de primo-donneurs en donneurs engagés (Bagot et al., 2016) et à répéter leur comportement de don. Or, certains auteurs suggèrent que les motivations des donneurs de sang pourraient changer au cours du temps (Guiddi et al., 2015 ; Masser et al., 2008). Aussi, plusieurs questions sous-jacentes à notre question générale émergent. Comment expliquer que des primo-donneurs reviennent donner à court terme ? Comment expliquer que certains d’entre eux deviennent des donneurs fidèles et réguliers, embrassant ainsi une véritable carrière de donneurs de sang ? Dès lors, il s’agit dans cette recherche, en premier lieu, d’identifier les facteurs motivationnels qui influencent l’intention des donneurs de sang de redonner et donc à inscrire cette intention dans une perspective temporelle à court, moyen et long terme. Nous suggérons pour cela un modèle qui comprend à la fois des facteurs motivationnels personnels et sociaux relevant de la théorie du comportement planifié d’Azjen (1991) et d’une motivation fondée sur l’altruisme. Le modèle est testé sur un échantillon de 138 donneurs via une étude quantitative. Cette première étude permet d’analyser la permanence des motivations sous-jacentes aux intentions de renouvellement de don. Pour mettre en perspective ces premiers résultats et explorer en profondeur comment les motivations altruistes peuvent se combiner à d’autres motivations pour expliquer l’engagement et le comportement des donneurs fidèles, nous avons, en second lieu, conduit une étude qualitative sur les lieux de collecte (en contexte) auprès de 19 donneurs réguliers. Nous avons ainsi choisi de mettre en place une méthode mixte associant méthode quantitative puis qualitative (Creswell et Clark, 2017), approche de plus en plus utilisée en santé (Pluye, 2012). Il s’agit ici plus précisément d’une méthode mixte de type « séquentiel explicatif » où les données qualitatives viennent apporter des explications aux résultats quantitatifs les plus prégnants (Creswell et Clark, 2017). Avant de présenter les résultats de cette méthode et de ces deux études, nous proposons (1) de revenir sur le cadre conceptuel mobilisé pour comprendre l’intention de redonner son sang, cadre inspiré de la théorie du comportement planifié et complété par les motivations altruistes, (2) avant de détailler la méthodologie utilisée dans les deux études, et (3) d’en discuter les résultats et les implications managériales.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04543549 , version 1 (12-04-2024)

Identifiants

Citer

Laure Ambroise, Isabelle Prim-Allaz, Martine Seville. Le rôle des motivations altruistes et des normes personnelles, sociales et morales dans l’engagement des donneurs de sang. Décisions Marketing, 2020, 100, pp.35-52. ⟨10.7193/DM.100.33.52⟩. ⟨hal-04543549⟩
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