L’agglomération antique et protohistorique des « Terres Noires » et du « Buisson-St-Jean », située à cheval sur les deux communes d’Epiais-Rhus et de Vallangoujard (Val-d’Oise), est connue depuis le XIXe s. par des découvertes fortuites, des prospections et quelques sondages. Dans les années 1970 et 1980, le site a fait l’objet de fouilles étendues, motivées au départ par les destructions agricoles, et menées par une équipe bénévole. Les vestiges mis au jour sont très importants : nécropole de La Tène ancienne au IVe siècle de notre ère, agglomération gauloise, habitat urbain et péri-urbain gallo-romain, équipements publics gallo-romain dont un édifice de spectacle et un grand bâtiment central monumental… Cependant, la disproportion croissante entre l’ampleur des fouilles entreprises et les moyens des fouilleurs, avec comme conséquence de grandes difficultés pour ces derniers à assurer de façon suffisante l’enregistrement et le traitement de la documentation et du mobilier, ainsi que la conservation des vestiges mis au jour, ont abouti, en 1987, à une décision administrative d’arrêt des fouilles, suivie de leur remblaiement. Les recherches et travaux sur le site se sont alors interrompus durant une trentaine d’années ; une synthèse des informations disponibles sur le site a cependant pu être réalisée en 2006 dans le cadre de la Carte Archéologique de la Gaule, par une équipe du Service archéologique départemental du Val-d’Oise (Abert et al. 2006). Depuis 2019, un projet de reprise de l’étude du site, piloté par Claire Besson (Service Régional de l’Archéologie d’Île-de-France) en collaboration avec le Département (Musée archéologique départemental du Val-d’Oise – MADVO – et service archéologique départemental du Val-d’Oise – SDAVO), les communes d’Epiais-Rhus et de Vallangoujard, et l’UMR 7041 ArScAn, se met progressivement en place. Il s’est en particulier concrétisé par le lancement d’un travail de tri, inventaire et reconditionnement de l’abondant mobilier recueilli lors des fouilles des années 1970-1980. En effet si certains éléments de ce mobilier ont été étudiés (concernant la verrerie, les fibules, la numismatique notamment), il n’a jamais fait l’objet d’une gestion d’ensemble, de sorte qu’aucun inventaire complet n’est actuellement disponible. Aujourd’hui, la masse de mobilier non inventorié à traiter représente plus d’un millier de caisses et contenants divers, « dans leur jus », soit environ 40 m³, déposé au MADVO. C’est ce travail en cours, d’inventaire de ce mobilier recueilli il y a quarante ans, que nous proposons d’exposer, avec les questions spécifiques que pose ce type de « rétro-enregistrement », et les réponses que nous tentons d’élaborer. Parmi ces questions : - la prise en compte de l’hétérogénéité de l’état de traitement du matériel (lavé ou non, marqué ou non, etc.) ; -l’importance du recueil des indications de contexte, parfois lacunaires ou mal conservées, liées aux contenants – eux-mêmes très hétérogènes - et/ou aux étiquettes dans les contenants, menant à une véritable « archéologie du conditionnement » (Jouys-Barbelin et al. 2022) ; - les limites et les objectifs d’un tel inventaire, qui doit permettre d’accéder plus aisément au mobilier pour en reprendre l’étude et en assurer les choix de conservation préventive, mais qui peut aussi documenter, plus ou moins finement suivant la qualité de l’information contextuelle, l’étendue et la densité d’occupation du site ; - l’élaboration d’un protocole adapté et informatisé, permettant de fluidifier et d’accélérer le traitement, et constituant une base de réflexion pour d’autres cas de reprise de « passif » mobilier. Abert, Franck, Elodie Rossi, Monique Wabont, et Didier Vermeersch. 2006. « 213 - Epiais-Rhus ». In Carte archéologique de la Gaule : Le Val d’Oise, 229 50. Carte archéologique de la Gaule 95. Paris: Académie des inscriptions et belles-lettres. Jouys-Barbelin, Corinne, Isabel Bonora-Andujar, Delphine Peschard, et Daniel Roger. 2022. « Dans les coulisses du MAN ». Archéologia juillet-aout 2022 (611): 48 53.