On montre dans cet article comment Larcenet use des différentes facettes de l’animalité pour déployer une réflexion imagée sur l’inhumanité dans son adaptation graphique du Rapport de Brodeck de Philippe Claudel. Entre animalisation du narrateur déporté en camp de concentration, cruauté envers les animaux, chasse à l’homme et meurtre xénophobe, les diverses formes de la sauvagerie humaine construisent en creux dans ce roman graphique en deux tomes le portrait d’une humanité abjecte livrée à ses instincts primaires. Le cadre sauvage lui-même agit dans deux directions différentes : l’irruption de la faune sylvestre permet de ménager des temps de pauses qui soulagent le lecteur de la tension tragique tout en contribuant à accentuer la vulnérabilité du personnage principal, devenu la proie de ses semblables.