Renouvellement urbain de la Seine-Saint-Denis : entre concertation et opposition aux JOP de 2024 À l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP), qui se tiendront en 2024 dans la capitale mais aussi en Seine-Saint-Denis, les débats autour de l’organisation de cet événement sont de plus en plus présents. Décidés dès la phase de candidature, les lieux de construction pour cet événement se trouvent tous dans le nord-est parisien, ils font l’objet de multiples concertations et sont une source d’opposition pour les habitants de ce territoire populaire. Ces constructions ne sont pas de simples bâtiments prévus pour accueillir des épreuves de compétition, ce sont de véritables projets urbains, visant à transformer la ville et qui vont modifier la structuration urbaine et sociale de ce territoire. Comme par exemple à Barcelone (Gravari-Barbas, Jacquot, 2007) ou à Londres (Beucher, 2009). Nous nous intéresserons aux projets urbains impulsés par les JOP en Seine-Saint-Denis. Des concertations, réunions publiques et ateliers participatifs sont organisés, des registres écrits et en ligne sont également mis en place. Ils peuvent porter sur un projet, un équipement précis ou sur l’ensemble d’une ZAC, d’un quartier. Ces concertations organisées par les villes, la Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO) ou les Établissements Publics Territoriaux (EPT) visent à présenter les projets et recueillir les avis des habitants afin de débattre du projet et prendre en compte les problématiques qu’ils rencontrent au quotidien dans leurs quartiers. Par ailleurs, ces événements ont été affectés par les confinements et couvre-feu, certains ateliers et présentations ont ainsi été organisés en visio-conférence. Nous avons pu observer - dans le cadre d’une thèse - une grande partie de ces événements. Grâce à ces observations nous pouvons cerner les évolutions sur le projet ainsi que l’implication des habitants tout au long de ce parcours d’échange entre acteurs institutionnels et population. De plus, les temporalités contraintes de ce projet suscitent un intérêt particulier de la part des habitants et facilitent les mobilisations. Parallèlement à ces observations, nous nous sommes rapprochés de plusieurs collectifs de lutte contre les JOP tels que Saccages 2024, le collectif de défense des jardins d’Aubervilliers ou encore le collectif Notre parc n’est pas à vendre. Nous avons assisté à des événements organisés par ces collectifs et participé aux réunions publiques qu’ils mettent en place. Si au départ, nous constatons que ces collectifs agissent indépendamment sur un projet précis rattaché à leur territoire (entre 2017 et 2020), nous constatons qu’ils s’unissent ensuite pour mener des actions communes et partager leurs savoirs. Effectivement, le millefeuille d’acteurs sur ces projets rend pour les habitants les informations difficiles d’accès. Ces concertations, réunions et ateliers cherchent alors à répondre à leurs interrogations. Par ailleurs, nous constatons des difficultés d’échange entre les élus et les collectifs d’opposition. Ces collectifs très actifs ont pour certains réussi à obtenir la modification de permis de construire et donc du projet olympique, c’est le cas du collectif de préservation des jardins d’Aubervilliers avec le projet de piscine d’entrainement. Nous nous demandons quels sont les liens entre l’opposition à cet événement et les dispositifs de concertation mis en place dans le cadre de ces projets de renouvellement urbain. Pour répondre à cette interrogation, nous nous appuierons sur diverses observations menées dans le cadre de concertation sur les projets des JOP et lors d’événements organisés par des collectifs de lutte contre les Jeux. Des entretiens semi-directifs menés auprès d’acteurs des JOP et de collectifs viennent compléter ces observations. Nous présentons dans un premier temps la gouvernance des JOP et les projets urbains sur le territoire du nord-est parisien, un territoire populaire sur lequel se trouve les constructions et projets des JOP. Ensuite, nous étudions les dispositifs de concertation mis en place avec les volontés des acteurs. Enfin, nous tentons d’évaluer les impacts des collectifs de lutte contre les Jeux sur la préparation de l’événement.