Cooperative relationships and French and European competition law
Les relations coopératives au regard des droits français et européen de la concurrence
Résumé
his article proposes an unprecedented overview of the confrontation of cooperative relations with French and European competition law in its various dimensions (anti-competitive practices and restrictive practices). It shows that competition law does not take a clear position on the relationship between cooperative companies and their member companies.
Thus, the law of anti-competitive practices trivializes cooperative relations because its purpose is to protect the market. The jurisprudence applying antitrust law objectively assesses the terms of membership and exclusion of co-operators and the obligations imposed on them (non-competition and exclusivity) and the possibility of practising common prices: only their impact on competition is taken into account, irrespective of the specific statutory characteristics of the cooperatives.
The situation is quite different in restrictive practices law. When assessing cooperative relations with regard to their impact on the individual situation of cooperative members, the case law excludes competition law in favour of cooperative law. Faced with questions as to the basis of this jurisprudence (implicit implementation of the adage specialia generalibus derogant, internal character of cooperative relations, dual quality of members), I am in favour of taking into consideration the preservation of the cooperative social pact. Indeed, beyond their dual commercial and social dimension, the cooperative relations organized by the texts, the statutes and the rules of procedure are based on a subtle balance between the interests of the cooperative and its associated cooperators, a balance which would be broken by the application of a law of restrictive practices intended solely for commercial relations between a supplier and a distributor.
Plan
I - MARKET PROTECTION: A SOVEREIGN COMPETITION LAW
A - Membership and exclusion from the cooperative
B - Non-compete obligations and geographical distribution of co-operators
1) The qualification of a horizontal market-sharing cartel
2 °) The lack of exemption
C - Exclusivity obligations and cooperative loyalty
D - Respect for common prices and network commercial policy
II - INDIVIDUAL RELATIONSHIPS: A DISCARDED COMPETITION LAW
A - The primacy of cooperative law over French law on restrictive practices
B - The specificity of relationships based on the dual quality of members
Cet article propose une étude d’ensemble inédite de la confrontation des relations coopératives au droit français et européen de la concurrence abordé dans ses différentes dimensions (pratiques anticoncurrentielles et pratiques restrictives). Il y est démontré que le droit de la concurrence n’adopte pas une position univoque à l’égard des relations entre les sociétés coopératives et leurs entreprises adhérentes.
Ainsi, le droit des pratiques anticoncurrentielles banalise les relations coopératives parce qu’il a pour objet de protéger le marché. La jurisprudence appliquant le droit des ententes apprécie de manière objective les modalités d’adhésion et d’exclusion des coopérateurs ainsi que les obligations qui leur sont imposées (non-concurrence et exclusivités) et la possibilité de pratiquer des prix communs : seul est pris en considération leur impact sur la concurrence indépendamment des spécificités statutaires des coopératives.
La situation est toute autre en droit des pratiques restrictives. Lorsqu’il s’agit d’apprécier les relations coopératives au regard de leur impact sur la situation individuelle des adhérents coopérateurs, la jurisprudence écarte le droit de la concurrence au profit du droit coopératif. Face aux interrogations quant au fondement de cette jurisprudence (mise en œuvre implicite de l’adage specialia generalibus derogant, caractère interne des relations coopératives, double qualité des adhérents), je me prononce en faveur de la prise en considération de la préservation du pacte social coopératif. En effet, au-delà de leur double dimension commerciale et sociale, les relations coopératives organisées par les textes, les statuts et le règlement intérieur reposent sur un subtil équilibre entre les intérêts de la coopérative et de ses coopérateurs associés, équilibre qui serait rompu par l’application d’un droit des pratiques restrictives destiné aux seules relations commerciales entre un fournisseur et un distributeur.
Plan
I – PROTECTION DU MARCHÉ : UN DROIT DE LA CONCURRENCE SOUVERAIN
A – Adhésion et exclusion de la coopérative
B - Obligations de non-concurrence et répartition géographique des coopérateurs
1°) La qualification d’entente horizontale de partage de marchés
2°) L’absence d’exemption
C - Obligations d’exclusivité et fidélité coopérative
D – Respect de prix communs et politique commerciale de réseau
II – RELATIONS INDIVIDUELLES : UN DROIT DE LA CONCURRENCE ÉCARTÉ
A – La primauté du droit coopératif sur le droit français des pratiques restrictives
B – La spécificité des relations fondées sur la double qualité des adhérents