La représentation du temps et de l’espace dans le corpus des chansons de H.F. Thiéfaine est caractérisée par une dynamique de distorsion permanente, qui brouille les repères usuels et empêche toute orientation spatio-temporelle. Ralentissement, accélération ou disparition du temps, inversion de son cours ou entrelacement des strates temporelles trouvent un symétrique dans l’extension de l’espace à l’infini ou sa réduction au niveau infinitésimal, la confusion entre l’ici et un ailleurs riche de promesses, sans oublier la prééminence du hasard qui commande toutes les conjonctions et rencontres dont le lieu reste par principe indéfinissable en dépit de toutes les amorces de caractérisation. Un halo associatif aussi riche que varié vient nimber ces variations sur le caractère aussi mouvant qu’insaisissable de toute réalité et de toute existence, auquel seul l’art est en mesure de conférer une consistance aussi convaincante qu’éphémère.